Hier, samedi 11 novembre, à l'occasion de la commémoration du 13e anniversaire de la disparition du leader national et historique palestinien, Yasser Arafat, la bande de Ghaza s'est colorée en jaune, couleur de la bannière du mouvement Fatah dont il a été l'un des fondateurs et qui représente la moelle épinière de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), seul représentant légitime du peuple palestinien, reconnu par la communauté internationale. Les festivités pour cette commémoration ont eu lieu à la place Essaraya, au centre de la ville de Ghaza, qui paraissait exiguë tellement la présence de la population était importante. Des centaines de milliers (plus d'un million, selon la télévision palestinienne) d'hommes, de femmes, d'enfants, de personnes âgées ont littéralement pris d'assaut la place en question et tout le centre-ville dès les premières lueurs du jour. Des dizaines de milliers portaient des bannières jaunes du Fatah et des drapeaux palestiniens, avec des keffiehs autour du cou, à l'image de celui qui a rendu célèbre Abou Amar. Certains étaient déjà sur place depuis la veille au soir, et nombreux sont arrivés de bon matin. Ils sont venus de tous les coins de l'enclave palestinienne, par autobus, d'autres dans des camions et beaucoup sont arrivés à pied. Toutes les routes autour de la place et dans le centre-ville étaient bloquées par la présence des masses populaires venues exprimer leur fidélité et leur amour au martyr Yasser Arafat, puisque tous les rapports sur la cause de sa mort ont conclu à un empoisonnement par une substance radioactive. Ils sont venus, également pour montrer leur attachement à la voie prise par Yasser Arafat, dont le président Mahmoud Abbas, son compagnon de route, continue de suivre et qui se résume en la lutte, par tous les moyens possibles, pour l'établissement d'un Etat palestinien indépendant sur les frontières du 4 juin 1967, avec El Qods (Jérusalem-Est) pour capitale. Cet engouement populaire incroyable est survenu au moment où beaucoup d'observateurs se posaient des questions sur la popularité du Fatah et de son leader actuel Mahmoud Abbas, particulièrement après les mesures prises par la direction palestinienne depuis le mois de janvier dernier, dont des abaissements de 30% des salaires des fonctionnaires de l'Autorité palestinienne, suivies par des mises à la retraite anticipée de plus de 10 000 anciens militaires, pour leur majorité des militants du Fatah, ce qui a négativement affecté la machine économique, déjà perturbée dans la bande de Ghaza. Ces mesures avaient été justifiées par la volonté d'amener le mouvement Hamas à accepter les conditions du président Abbas pour une reprise du processus de réconciliation, dont l'annulation du comité administratif, véritable gouvernement parallèle, ce qui a été fait et a permis lors des discussions du Caire au mois d'octobre d'annoncer un accord pour l'application des accords précédents de réconciliation. Un processus qui a vraiment débuté et se trouve à la tête des priorités des deux plus grandes factions palestiniennes, le Fatah et le Hamas. «Pas d'état à Ghaza, pas d'état sans Ghaza» Dans une allocution diffusée au cours des festivités auxquelles étaient conviés des représentants de toutes les factions palestiniennes, le président de l'Etat de Palestine, Mahmoud Abbas, a affirmé la volonté de la direction palestinienne «d'avancer d'un pas sûr dans le processus de réconciliation nationale afin d'aboutir à une seule autorité, un seul droit et une seule armée légitime». Cette dernière question, celle des armes des factions palestiniennes, est le sujet qui préoccupe aujourd'hui le plus les Palestiniens et qui peut à lui seul faire de nouveau échouer le processus de réconciliation palestinienne. Pour le mouvement Hamas, personne n'a le droit d'évoquer ce qu'il nomme l'armement de la résistance ou de désarmer les résistants. Le président Abbas a également appelé les Palestiniens à reserrer leurs rangs. «Nous sommes un seul peuple, notre destin est unique et indivisible et je dis : pas d'Etat à Ghaza et pas d'Etat sans Ghaza», a-t-il martelé. Mahmoud Abbas a indiqué que «la Palestine qu'ils ont tenté de faire sortir de l'histoire et de la géographie depuis 1917, (allusion à la Déclaration de Balfour) est revenue grâce aux sacrifices des enfants du peuple palestinien, tombés en martyrs, blessés ou prisonniers pour dire qu'elle est toujours présente». «Elle s'appelait Palestine et elle s'appellera toujours Palestine», a martelé le président palestinien. Mahmoud Abbas s'est montré surpris et indigné par la célébration par la Grande-Bretagne, récemment, du 100e anniversaire de la déclaration de James Arthur Balfour. «Cette déclaration injuste et infâme est la cause du drame et de la catastrophe qui frappent plus de 12 millions de Palestiniens, et les a privés de leurs droits politiques, juridiques et humanitaires», a lancé Mahmoud Abbas, rappelant les conditions d'une paix avec Israël et qui se résument en la solution à deux Etats, dont la Palestine sur les frontières de 1967 avec El Qods (Jérusalem-Est) pour capitale. Cette solution, a-t-il dit, court un grand danger à cause de la politique de colonisation du gouvernement israélien. Mahmoud Abbas a appelé les Etats-Unis et le reste de la communauté internationale qui croient en la solution à deux Etats à agir de façon urgente pour éviter la solution à un seul Etat sur l'ensemble de la Palestine historique, dans lequel le peuple palestinien luttera contre le régime d'apartheid qu'Israël veut lui imposer.