En dépit de tous les risques signalés par la presse depuis plusieurs années et des multiples rapports établis par les services de la direction de l'urbanisme de la wilaya de Constantine, les autorités locales sont restées insensibles aux doléances des habitants de la cité Ben Boulaïd. Des immeubles entiers de cette cité, réalisée à la fin des années 1960, menacent de s'écrouler sous le double effet du glissement de terrain qui affecte les lieux et des dégâts dus au manque d'entretien. C'est donc un véritable cri de détresse que lancent les habitants, qui assurent que les fissures apparues ces dernières années sur les murs de la plupart des immeubles n'ont fait que s'aggraver, à telle enseigne qu'elles laissent aujourd'hui pénétrer les eaux de pluie à l'intérieur des logements. Ces fissures, larges pour certaines d'une vingtaine de centimètres, visibles de l'intérieur comme de l'extérieur, comme nous avons pu le constater, hier, lors de notre déplacement sur les lieux, font craindre le pire aux dizaines de familles qui occupent ces appartements, dont deux ont été d'ailleurs évacués suite à l'effondrement des murs porteurs, soutiennent des habitants. «Nous vivons la mort en sursis. Nous n'avons cessé d'alerter les autorités sur le danger omniprésent qui plane sur nous. En cas d'intempéries, nos immeubles risquent de s'écrouler à tout moment, d'autant plus qu'aucune solution préventive n'a été envisagée pour l'instant. Les walis qui se sont succédé ces dernières années à la tête de la wilaya étaient pourtant au courant de notre situation, mais les promesses qu'ils nous ont données pour l'octroi de logements sociaux n'ont toujours pas été respectées. Est-ce qu'ils attendent qu'il y ait mort d'homme pour réagir?» s'interrogent les riverains. En plus des innombrables fuites dans le réseau d'alimentation en eau potable, les habitants évoquent également le danger que constituent les escaliers de la plupart des immeubles. Ces derniers tombent en ruine et se sont carrément effondrés pour certains. «L'état de dégradation dans lequel se trouve actuellement notre cité est tel qu'elle ne peut plus nous offrir une vie décente», estiment-ils. La majorité d'entre eux ont d'ailleurs exprimé leur souhait de voir leurs logements considérés comme précaires par les autorités pour pouvoir bénéficier, à l'instar des habitants des bidonvilles, d'une opération de recasement.