En parallèle, un programme d'interventions faites par des spécialistes a pour objectif d'impulser une réflexion autour du médicament. L'Algérie produit déjà 50% de ses besoins en médicaments et la tendance va se poursuivre dans les années à venir et ce sera, dans une large mesure, grâce à la recherche scientifique qui viendra épauler la collaboration entre le monde de l'industrie et celui de l'université. «Nous allons lancer des appels à projets dans le domaine de la recherche scientifique pour que nous produisions nous-mêmes nos médicaments», a indiqué le Pr Nabil Aouffen, directeur général de l'Agence thématique de recherche en science de la santé (ATRSS) basée à Oran. Parmi les dix domaines prioritaires déjà définis, certains vont concerner directement la pharmacie avec les mêmes critères de base que sont la multidisciplinarité, la multi-sectorialité et surtout l'impact socioéconomique. Ce dernier cas tient compte de la crise (importation en euros) mais aussi du fait que la facture d'importation soit supportée par l'Etat et le citoyen. «Les compétences déjà définies existent, le financement aussi et il ne reste plus qu'à mettre en place les procédures», estime le responsable de cette agence qui a déjà déposé quatre brevets. Ce n'est d'apparence pas beaucoup mais Nabil Aouffen qualifie ce chiffre d'«encourageant» tout en suggérant d'aller plus loin en donnant aux chercheurs l'opportunité de fructifier leurs compétences. Parmi les mesures qui seront prises, les projets de recherche ne seront plus plafonnés à 3 millions de DA comme c'est le cas actuellement. «Dès qu'un projet est recevable administrativement, il sera expertisé par le conseil scientifique de l'agence ainsi que son comité d'éthique et de déontologie puis il sera évalué de vive voix et le financement ne sera plus un problème», ajoute le même responsable qui met en avant l'impact socioéconomique du projet. «Nous n'allons pas financer des projets qui au bout du compte vont finir dans les tiroirs», a-t-il prévenu, avant d'«inviter les grands laboratoires à ne pas hésiter à financer la recherche scientifique». Intervenant également dans le même cadre, le professeur Yahia Dellaoui, de la faculté de médecine du CHU d'Oran, insiste sur le fait que «le générique est un médicament à part entière» pour contrebalancer les rumeurs qui font douter de son efficacité. Faisant la part des choses entre le taux des médicaments fabriqués localement (36%) et celui des produits conditionnés (10%), il indique que sur 132 unités qui activent en Algérie (tous segments confondus), 75 sont spécialisées dans le médicament. En intitulant son intervention «Histoire de l'industrie pharmaceutique, de l'aspirine aux biotechnologies», le Pr Toumi, directeur du laboratoire de recherche en développement pharmaceutique, a voulu aboutir à la conclusion que les programmes d'enseignement dans ce domaine doivent être revus car la pharmacie ne se suffit plus de chimie comme autrefois mais qu'il faut, dans la mesure du possible, intégrer les nouvelles connaissances liées au développement technologique.