L'effacement des créances détenues par l'Algérie sur un certain nombre de pays africains est contre-productif. » C'est en ces termes que Dr A. Ghoufi de la faculté des sciences économiques et gestion de Biskra a répondu à une question posée par El Watan au cours du débat qui a suivi sa communication au colloque international ayant pour thème « L'effet des politiques monétaristes sur les entreprises économiques », organisé durant la semaine par la faculté des sciences économiques et de gestion de Biskra. L'Algérie a fait de l'effacement de la dette des pays les plus pauvres de la planète son cheval de bataille dans les rencontres internationales. Dr Ghoufi a rappelé que le remboursement par anticipation de l'essentiel de la dette extérieure de l'Algérie a remis à l'ordre du jour un problème longtemps couvé : celui de la dette de certains pays en développement vis-à-vis de l'Algérie. En effet, l'assainissement de notre position extérieure ne doit pas concerner uniquement notre situation débitrice, il doit toucher autant que possible notre situation créditrice. Surtout que les montants en cause ne sont pas négligeables. D'abord commençons par faire le point sur les créances détenues par l'Algérie sur certains pays africains à bas revenus puis on dégagera les propositions quant à leur traitement. Il s'agit, selon les autorités, de créances avoisinant, à l'heure actuelle, le demi-milliard de dollars. Celles-ci sont détenues essentiellement sur les pays situés en région subéquatoriale : 64,3 millions de dollars sur la Tanzanie ; 81,2 millions dollars sur Madagascar et pas moins de 286,8 millions de dollars sur le Mozambique. Ces pays sont tous classés parmi les pays pauvres très endettés (PPTE). Après plusieurs années de coopération financière, la situation actuelle se caractérise par l'incapacité des pays débiteurs de faire face aux échéances malgré les rééchelonnements successifs de leurs dettes. Du reste, l'effet « boule de neige » induit par le non-paiement du service de la dette rend la perspective d'un recouvrement de plus en plus aléatoire. Dr Ghoufi estime qu'il est contre-productif à la fois pour l'Algérie, puisqu'il s'avère être un grand manque à gagner pour notre balance des paiements et un frein au développement des échanges économiques bilatéraux pour les pays du continent sur lesquels beaucoup d'espoir ont été fondés. L'expert en financement des entreprises plaide pour la « reconversion » de la dette, non pour sa suppression. La conversion de ces créances en prises de participations signifie, selon lui, la transformation des accords de prêts en investissements directs, plus rentables. Elle permet en outre de diversifier les échanges, de perpétuer la coopération économique avec les pays du continent en investissant aussi bien la sphère réelle que la sphère financière. Elle permet également d'impliquer nos entreprises dans la gestion du système productif de ces pays par le développement de sociétés mixtes, ce qui, en ces temps de mondialisation, ouvrira de nouvelles perspectives pour ces dernières pour en faire – pourquoi pas – des groupes internationaux. Cela aura enfin comme effet une meilleure sécurité de nos approvisionnements et une meilleure maîtrise des coûts. Mais lorsqu'on lui fait remarquer que le total des créances détenues par l'Algérie ne dépasse pas le demi-milliard de dollars, il vous répond que « pris tel quel le chiffre ne veut rien dire, mais si vous faites un petit calcul, cela représente le montant de la construction de 100 0000 logements aux prix actuels ». Et de conclure : « Est-ce que Biskra, 10e ville d'Algérie, compte dans son parc 100 000 logements ? »