Boutarfa Mourad était un jeune magistrat en poste à la cour de justice d'Oum El Bouaghi. Il est mort assassiné de deux balles de son propre révolver. La première balle a été tirée dans sa bouche alors que la seconde visait le cœur. Son cadavre a été retrouvé dernier jeudi, soit quarante-huit heures après sa disparition, alors qu'il rejoignait mardi soir son domicile à Annaba en provenance d'Oum El Bouaghi. Vingt-quatre heures auparavant, soit mercredi, son véhicule avait été retrouvé aux abords de la cité Oued Ennil, à 7 km de la commune chef- lieu de wilaya Annaba. Il était accidenté. Le siège arrière était taché de sang. Cela ne présageait rien de bon. L es gendarmes chargés de l'enquête avaient été alertés par son père, un avocat au barreau de Skikda inquiet de ne pas voir son fils rentrer. Les spéculations les plus folles avaient entouré sa disparition. Crime politique ? Mafia de la drogue ou politico-financière ? Acte terroriste ? Tant de questions qui revenaient dans les propos de ceux qui connaissaient ce magistrat. Bon nombre d'entre eux ont affirmé que Boutarfa s'était spécialisé dans l'étude des dossiers impliquant de gros requins de la contrebande et du trafic de drogue. Son corps avait été jeté loin des regards, à quelques centaines de mètres de son véhicule accidenté. Il avait les mains ligotées derrière le dos. Son visage avait été pratiquement écharpé, comme si ses ravisseurs, en le défigurant, voulaient rendre impossible son identification. Ce vendredi, l'émoi était à son comble aux alentours de la cour de justice de Annaba où s'étaient regroupés ses pairs et plusieurs avocats.