Une enquête du Centre de recherches en économie appliquée au développement (CREAD) menée sur les promotions 2014, 2015 et 2016 à travers les trois universités pilotes (Béjaïa, Tlemcen et Biskra) fait ressortir de nombreuses difficultés dans l'insertion professionnelle. 40% des étudiants questionnés qualifient de «mauvais» l'apport de l'université dans la préparation au monde du travail. Bon nombre d'entre eux estiment également faible la qualité des stages effectués à la fin de leur cursus : 46,2%. L'enquête de Moundir Lassassi, chercheur au CREAD, élaborée avec l'appui du Bureau international du travail (BIT) relève que les opportunités d'emploi sont de plus en plus faibles dans le secteur public. Même si elles sont en augmentation chez le privé, elles n'arrivent pas à compenser celles perdues dans le public. Autre indicateur : sur les 280 retenus à l'issue de l'étude, 68% des diplômés ont l'intention d'immigrer contre 39% chez les femmes, et ce, pour améliorer leurs compétences de manière à faciliter leur insertion dans le monde du travail. L'enquête en question montre par ailleurs que le taux de chômage est plus élevé dans les filières droit, sciences politiques, lettres et langues avec 66% et moins important chez les diplômés des élevés des sciences humaines et sociales 33%. Cependant, ces derniers passent plus de temps dans la recherche d'un emploi. En moyenne, la durée d'attente est de sept mois. Aussi, malgré l'importance des dispositifs d'aide à la création d'emplois, les diplômés ne manquent pas de faire appel à d'autres canaux (15% pour les contacts familiaux et 13% via les amis pour s'insérer dans le monde du travail). C'est également l'insatisfaction chez ceux qui réussissent à trouver du travail. C'est le cas pour les salaires, notamment chez les femmes, qui se disent lésées. 60% des recrutés perçoivent moins de 25000 DA par mois, alors que 30% des diplômés ont refusé les emplois proposés pour différentes raisons. En plus du niveau bas des salaires, l'enquête évoque l'inadéquation de la formation aux exigences de l'entreprise et les conditions de travail. Autant d'éléments qui imposent de mieux préparer le terrain aux diplômés pour intégrer le monde professionnel. Dans ce cadre, le chercheur du CREAD a plaidé pour l'élaboration et la mise à jour d'une base de données avec les contacts des diplômés sortant des universités. «Dès l'année prochaine, les universités doivent travailler sur une base de donnée», dira-t-il, appelant dans le même sillage à entretenir les liens avec les étudiants sortants.