Le marché de l'emploi cumule d'année en année des milliers de diplômés sortis de nos universités. Rien pour que l'année 2012/2013, plus de 280 000 nouveaux diplômés ont rejoint le marché du travail contre 193 000 en 2012. La situation économique du pays ne facilite pas l'insertion de ces nouveaux diplômés confrontés de plus en plus au chômage, lequel touche beaucoup plus cette catégorie que ceux des diplômés des centres de formation et autres instituts. Le Conseil national économique et social (CNES) ne manque pas d'ailleurs de relever cela dans l'un de ses rapports rappelant que le taux de chômage était de l'ordre de 16,1% en 2011. Ce manque de perspectives d'emplois chez les diplômés de l'enseignement supérieur s'explique essentiellement par l'absence d'une offre de travail répondant aux aspirations des uns et des autres et par l'inadéquation de la formation dispensée à l'université aux besoins du monde économique. Ainsi, face à un marché restreint, les universitaires trouvent refuge dans l'informel. Souvent, c'est l'emploi précaire qui domine puisque l'informel accueille une large majorité de la population active sans pour autant lui offrir en parallèle la sécurité recherché et les moyens d'évoluer sur les plans professionnel et social. La part des chômeurs acceptant un emploi inférieur à leurs aptitudes est d'ailleurs inquiétante. Elle est de 89,4% chez les hommes et à 80,8% chez les femmes. La désindustrialisation, le retard pris dans le décollage de l'économie productive — en dépit des différents plans engagés à cet effet — et l'absence d'une réelle stratégie de création d'emplois à hauteur de la demande à moyen et long termes expliquent globalement ce déséquilibre entre l'offre et la demande et cette ruée vers l'emploi précaire. Mais il y a aussi l'inadaptation de la formation universitaire aux exigences du monde de travail. «Les employeurs sont surtout sensibles à la maturation, aux stages, à l'expérience professionnelle, à la connaissance d'activité, et à l'opérationnalité immédiate», estime à cet effet un expert économique qui a réalisé une étude en 2010 sur le chômage des universitaires. Ce qui fait que des milliers d'étudiants sortent annuellement de nos universités avec des diplômes, sans bagages leur permettant d'accéder facilement au monde du travail. L'Organisation international du travail (OIT) n'a pas manqué de mentionner ce point dans l'un de ses rapports. Et d'avertir sur les conséquences de cette inadéquation des compétences. Ces déséquilibres entre l'offre et la demande «risquent de se perpétuer faute de politiques propices à la requalification des demandeurs d'emploi en collaboration étroite avec le secteur privé», prévient l'OIT. La passerelle université-entreprise se fait attendre Revenant régulièrement dans les discours officiels et les débats entre experts, chercheurs, décideurs et chefs d'entreprise, la passerelle entre le monde de l'enseignement supérieur et celui du travail se fait toujours attendre. Les initiatives menées dans ce cadre restent faibles. L'expérience des pépinières et des incubateurs est toujours à l'état embryonnaire. Ces structures d'appui et d'accompagnement de jeunes promoteurs porteurs de projets de création de petites et moyennes entreprises dont l'objectif de développer une synergie entre l'entreprise et son environnement tardent à être généralisées. Ainsi, globalement à l'heure actuelle, les universitaires et les industriels continuent à se tourner le dos et à suivre des chemins différents. Les premiers misent sur la recherche et le long terme, alors que les opérateurs économiques privilégient les risques faibles, les moindres coûts et le court terme, selon le constat dressé par les experts. Aussi, elles sont très rares les entreprises à aller puiser dans les universités pour trouver la ressource humaines qualifiée ou à lancer en collaboration avec les universités des formations adaptées à leurs besoins. Des cas de synergie entreprises-universités à relever et à saluer tout de même. Nous citerons à titre d'exemple General Emballage qui a lancé cette année à l'université de Béjaïa une spécialité pour l'obtention d'une licence professionnelle dans cette filière industrielle. «Venus», une entreprise de cosmétiques et de produits parapharmaceutiques l'a également fait à l'université de Blida. Mais ces initiatives restent timides. Même constat pour le recrutement à la source. Cette année, par exemple, Mobilis qui a parrainé pour la deuxième fois les sorties de promotions de diplômés dans plusieurs universités a recruté en live en juillet dernier quatre étudiants, les premiers de leur promotion spécialisés en électronique et en informatique de l'université des sciences et technologies Houari Boumediene (USTHB), selon le responsable de l'observatoire de l'insertion des nouveaux diplômés de l'USTHB (OBI usthb), Merzak Ferroukhi.