Le taux de chômage des diplômés en Algérie est élevé. Il est estimé à 17,6% alors que la moyenne nationale s'établit à 12%. Les femmes sont les moins susceptibles à trouver un emploi à leur sortie de l'université confirmant le fossé entre le monde de l'emploi et celui de l'université. L'enquête menée par le Bureau international du travail renforce cette thèse. Le projet Tawdif se propose d'améliorer l'employabilité des jeunes diplômés. Nawal Imès - Alger (Le Soir) - Le ministre du Travail confirme. Les jeunes diplômés ont des difficultés à trouver un emploi à leur sortie de l'université, notamment ceux qui choisissent de suivre un cursus dans les filières des sciences humaines. Si le nombre des universitaires est en nette augmentation, beaucoup d'entre eux renforcent le banc des chômeurs. Une tendance mondiale, affirme Mourad Zemali, à laquelle n'échappe pas l'Algérie, dit-il, en raison de ses caractéristiques démographiques mais également de l'inadéquation des formations avec les attentes du marché du travail et du choix de cursus académiques et non professionnels sans compter le peu de relations entre les entreprises et les universités en dépit du début timide des bureaux de liaison. Les résultats de l'enquête présentés par Moundir Lassassi, chercheur au Cread, confirment également cette tendance. Elle a été menée dans trois universités pilotes, à savoir Biskra, Tlemcen et Béjaïa sur trois années. 1 300 étudiants ont été suivis dans leur quête d'un emploi. Résultat : en moyenne, 45% des diplômés ont réussi à trouver un emploi avec une faible proportion de femmes. Encore une fois, les filières des sciences humaines s'avèrent être celles qui offrent le moins de débouchés. Si la majorité des étudiants ont réussi à trouver leur premier emploi au bout de sept mois, ceux ayant des diplômes dans les filières des sciences humaines prennent plus de temps. Les femmes trouvent plus d'emploi dans le secteur des services, les hommes se dirigent vers le BTP ou l'industrie. Les premières ont tendance à se diriger vers le secteur privé où elles ne sont pas bien rémunérées. 68% des diplômés font état de leur intention d'émigrer. Le patron de l'UGTA fait également un constat sans appel, affirmant qu'entre l'université et le monde du travail, il existait un grand fossé. Sidi Saïd en veut pour preuve le nombre important de jeunes diplômés qui sollicitent l'UGTA à la recherche d'un emploi. Ils représentent un taux de 75% de demandeurs d'emploi qui se rapprochent de son syndicat. Le représentant du ministre de l'Enseignement supérieur n'a pas contredit Sidi Saïd affirmant que son diagnostic était «vrai» mais que le département de Hadjar portait un intérêt certain à la problématique. Le ministre de l'Enseignement supérieur compte, dit-il, présenter un texte devant institutionnaliser la relation emploi-université de donner un véritable ancrage au dispositif de l'Anem. Le Projet Tawdif, mis en œuvre par le BIT, le ministère du Travail, celui de l'Enseignement supérieur, vise à améliorer l'employabilité des jeunes formés. Le projet mis en œuvre depuis septembre 2016 est financé par le Royaume-Uni. Trois wilayas pilotes Tlemcen, Béjaïa, Biskra, ont été choisies avec trois objectifs : le renforcement des aptitudes des étudiants en technique de recherche d'emploi et d'entreprenariat, l'amélioration de l'adéquation des formations avec les exigences du monde du travail, le renforcement des capacités des structures institutionnelles concernées par l'insertion professionnelle des jeunes.