Je souhaite qu'on ravive la relation avec le travail mémoriel entre nos deux pays, que la restitution des crânes soit décidée, je la déciderai, je suis prêt», a déclaré le chef de l'Etat français, Emmanuel Macron, au site d'informations en ligne TSA, lors de son déplacement à Alger. Une décision symbolique qui répond à une demande insistante des autorités algériennes qui, depuis de nombreuses années, veulent la restitution des crânes des résistants algériens tués par le corps expéditionnaire français dans les années 1840 et 1850 et actuellement conservés au musée de l'Homme de Paris. Lors de la célébration du 55e anniversaire de l'indépendance, le ministre des Moudjahidine, Tayeb Zitouni, avait demandé à la France de passer des «paroles aux actes» au sujet du règlement des dossiers qui «relèvent du contentieux mémoriel avec l'Algérie». Il faut dire que les autorités algériennes avaient espéré, avec l'arrivée d'Emmanuel Macron à la tête de l'Etat français, régler rapidement la question de la restitution des crânes, surtout après les déclarations du candidat Macron à Alger en février, jugées «audacieuses» par la partie algérienne. Il avait qualifié la colonisation de «crime», de «crime contre l'humanité» et de «vraie barbarie», dans une interview à la chaîne algérienne Echorouk News. En réalité, la déclaration du président français intervient alors que les deux pays semblent s'accorder sur un échange des ossements des dépouilles de soldats français enterrés en Algérie contre les ossements de quelque 36 résistants algériens de la révolte de Zaâtcha (1848), gardés au musée de l'Homme de Paris. Une opération qui a mis hors de lui Brahim Senouci, enseignant à l'université de Cergy-Pontoise, qui estime que «s'il y a un deal, ce serait contraire à l'intérêt de notre pays qui doit faire de cette restitution une exigence absolue». En 2016, de nombreux chercheurs avaient lancé une pétition en ligne demandant à ce que les crânes des martyrs de Zaâtcha soient rapatriés en Algérie afin de leur offrir une sépulture. Cette pétition avait recueilli presque 3000 signatures et avait été relayée par de nombreux intellectuels, dont Benjamin Stora, Gilles Manceron et Olivier Le Cour Granmaison. A l'époque, l'Elysée n'avait pas jugé utile de répondre aux pétitionnaires.