Le monde entier a dit ce qu'il pensait de l'intention du président américain de déplacer l'ambassade de son pays en Israël de Tel-Aviv à El Qods. C'est tout simplement une franche opposition à cette mesure, et les explications ne manquent en aucun cas. Ou plus précisément, celles-ci s'articulent autour d'une même idée : la crainte que la situation déjà précaire explose. Car c'est une totale violation des résolutions de l'ONU et une injustice faite au peuple palestinien. Puisque cela éloigne encore plus la perspective d'un Etat palestinien avec des frontières reconnues et établies sur la base de ces mêmes textes qui incarnent la légalité internationale, et adoptés jusqu'à une certaine période, sans la moindre opposition. Comme ce texte réclamant l'arrêt de la colonisation israélienne adopté le 23 décembre 2016, par le Conseil de sécurité. L'instance onusienne, qui a rappelé ses textes précédents, bien nombreux et tout aussi explicites sur cette question, a condamné «toutes les mesures visant à modifier la composition démographique, le caractère et le statut du Territoire palestinien occupé depuis 1967, y compris El Qods-Est, notamment la construction et l'expansion de colonies de peuplement, le transfert de colons israéliens, la confiscation de terres, la destruction de maisons et le déplacement de civils palestiniens». Elle le fait avec constance et avec les mêmes termes depuis au moins 1967, et la résolution 242 de la même année retenue pourtant comme base de règlement du conflit du Proche-Orient, quand il en était question bien entendu. La résolution 252 (1968) du Conseil de sécurité est particulièrement explicite à cet égard. Aux termes de cette résolution, le Conseil considérait «que toutes les mesures et dispositions législatives et administratives prises par Israël, y compris l'expropriation de terres et de biens immobiliers, qui tendent à modifier le statut juridique d'El Qods sont non valides et ne peuvent modifier ce statut». Le 25 septembre 1971, la résolution 298 condamne «les actions conduites par Israël en vue de changer le statut d'El Qods». L'annexion de la Ville sainte en 1980 sera condamnée à plusieurs reprises par l'ONU et n'a jamais été reconnue par la communauté internationale. Le 14 novembre 2016, la CPI (Cour pénale internationale) soulignait avec force qu'Israël était une puissance occupante à El Qods. C'est donc là qu'apparaît la position des Etats à l'égard de cette question, alors même que beaucoup, pour ne pas dire tous surtout au niveau du Conseil de sécurité, y ont souscrit, sinon, du moins, n'ont pas manifesté la moindre opposition. Comme en 2016 avec un vote de 14 membres (sur les 15) en faveur du texte en question, et une abstention, celle des Etats-Unis, sans laquelle, le vote aurait été annulé. Mais Israël refuse encore d'en tenir compte, alimentant — et les Israéliens eux-mêmes le reconnaissent — la colère palestinienne. Et également la crainte des Israéliens, bien que peu en fassent état. La principale source de l'Intifadha qui est en train de prendre forme est le désir de centaines de milliers de Palestiniens de mettre fin à l'occupation israélienne et de vivre dans l'indépendance et la dignité, a fini par admettre un quotidien israélien en 2014, alors que dans le même temps, des pressions étaient exercées sur le Premier ministre israélien enfermé dans sa logique colonisatrice, malgré les pressions de plus en plus fortes, notamment de pays européens, déjà atteints ou subissant les effets de la crise du Proche-Orient. En quelque sorte, une théorie de cercles concentriques que personne n'avait contestée, sinon implicitement admise, notamment lors de la conférence sur le Proche-Orient tenue à Paris en janvier dernier, puisque l'on parle même de proximité entre les deux régions, et donc par voie de conséquence, les effets que ce conflit peut engendrer. C'est pourquoi, beaucoup n'excluent pas une flambée de violence, la Turquie parlant même d'un incendie qui pourrait affecter la région et le monde. C'est dans ce contexte que la Ligue des Etats arabes tiendra samedi une réunion ministérielle d'urgence à la demande des délégations palestinienne et jordanienne. Dans le même temps, est annoncée une réunion de l'OCI (Organisation de la coopération islamique) le 13 décembre en Turquie. L'explosion aura-t-elle lieu ?