La protestation palestinienne qui vient de connaître ses premiers martyrs et ses centaines de blessés risque, selon les observateurs, de se transformer en une nouvelle intifadha. Les forces d'occupation israéliennes ont lâchement tué 4 Palestiniens et blessé 1115 autres vendredi, qui est décrétée «journée de colère» en Palestine occupée suite à la décision unilatérale et partiale du président américain, Donald Trump, de considérer officiellement la ville sainte d'Al Qods (Jérusalem) comme capitale de l'Etat hébreu. Les premières victimes palestiniennes sont tombées dans la bande de Ghaza, où plus de 170 blessés ont été également recensés. Mahmoud Al Masri, âgé de 30 ans, et Maher Atallah, âgé de 54 ans, ont été tués après la prière du vendredi par des tirs de soldats israéliens postés dans les zones frontalières vers lesquelles s'étaient dirigés des centaines de citoyens pour exprimer leur colère et leur refus de la décision américaine. Dans ces régions, les soldats israéliens, bien que situés loin de la portée des pierres des citoyens palestiniens, n'hésitent pas à tirer à balles réelles. Leur intention est clairement de tuer. Ceci explique le lourd bilan de deux morts et de 170 blessés. Toutes les personnes touchées l'ont été dans cette zone que l'armée israélienne veut transformer depuis des années en une sorte de no man's land. Zone que des centaines de Palestiniens ont essayé de prendre d'assaut munis de pierres seulement. Les deux autres Palestiniens assassinés de sang-froid par Israël, Mohamad Al Aatal, 28 ans, et Mohamad Al Safadi, 30 ans, font partie des brigades Ezzeddine Al Qassam, la branche armée du Hamas. Ils morts lors d'un raid aérien israélien qui a ciblé, hier à l'aube, leur position dans le sud de la ville de Ghaza. L'enclave palestinienne a subi dans la nuit de vendredi à samedi une série de raids aériens aveugles effectués par des chasseurs F16. Faisant porter la responsabilité de toute action armée dirigée contre l'Etat hébreu au mouvement Hamas qui contrôle la bande de Ghaza, comme les tirs, vendredi, de plusieurs roquettes par des résistants palestiniens contre le sud d'Israël, l'armée israélienne cible en général des positions de sa branche armée. Le bombardement par l'aviation israélienne de l'une de ces positions située près du quartier de Cheikh Zayed, au nord de la bande de Ghaza, a fait 15 blessés parmi les citoyens dont un nourrisson, Youssef Abou Chkayan, qui se trouve dans un état critique, selon des sources médicales palestiniennes. Raids israéliens aveugles Ces raids aériens et bombardements par l'artillerie ont rappelé aux Ghazaouis des souvenirs de la guerre de l'été 2014, qui fut particulièrement sanglante avec plus de 2000 Palestiniens tués. Ils étaient en majorité des civils. Des milliers de maisons de citoyens avaient été totalement ou partiellement démolies au cours de cette agression caractérisée. Le mouvement Hamas, qui n'a pas revendiqué de tirs de roquettes sur Israël, a considéré le bombardement de civils, des institutions et des positions de la résistance en Cisjordanie et à Ghaza comme un «crime» supplémentaire qui s'ajoute aux crimes commis par les forces de l'occupation contre le peuple palestinien, grâce à la couverture et au soutien illimité des Etats-Unis. Faouzi Barhoum, porte- parole du Hamas, a fait porter, dans un communiqué, «l'entière responsabilité des conséquences de cette dangereuse escalade au gouvernement israélien». Le nombre de 1115 blessés au cours de la seule journée de vendredi montre l'ampleur et l'étendue des protestations populaires palestiniennes, particulièrement dans les villes de la Cisjordanie occupée, où les points de contact direct avec les forces de l'occupation sont nombreux. Il montre aussi la sauvagerie de Tel-Aviv. Les mouvements de protestation populaire et les heurts avec les soldats de l'occupation se sont poursuivis hier. Les forces israéliennes ont durement réprimé une manifestation dans la rue Salah Eddine, dans la ville d'Al Qods. Répression féroce Des policiers sur des chevaux ont chargé les manifestants, parmi lesquels la présence féminine était grande. Le ministre d'Al Qods et son gouverneur Adnane Al Housseini, le responsable du dossier d'Al Qods au sein du Fatah, Hatem Abdelkader et un membre du conseil révolutionnaire du Fatah, Adnane Gheith, ont participé à la manifestation. Djihad Abou Zneid, habitante d'Al Qods et députée du Fatah au conseil législatif, a été arrêtée après avoir été agressée par les policiers israéliens qui l'ont ruée de coups de matraque. Un autre jeune a été arrêté en même temps. Abou Zneid a été conduite au commissariat de la rue Salah Eddine. Les forces israéliennes ont obligé les commerçants à baisser leurs rideaux dans cette rue. Elles ont confisqué des drapeaux palestiniens et des portraits du président Trump, ce qui n'a pas empêché les citoyens à poursuivre leurs protestations. Dans les autres villes de la Cisjordanie occupée, les mouvements de protestation populaires se sont poursuivis selon presque le même scénario. Des jeunes Palestiniens lancent des pierres et des cocktails Molotov sur des soldats israéliens qui répondent par des jets d'eaux usées, des bombes lacrymogènes toxiques, des balles réelles et en caoutchouc. C'est ce qui s'est passé hier à Ramallah, Naplouse, Bethléem, Al Khalil et dans le reste des villes palestiniennes. La protestation palestinienne qui vient de connaître ses premiers martyrs et ses centaines de blessés risque, selon les observateurs, de se transformer en une nouvelle intifadha qui, cette fois, ne prendra fin qu'avec une issue claire au conflit palestino-israélien, dont la question d'Al Qods représente un point essentiel.