La secrétaire générale du PT a estimé que les manifestants se mobilisent non seulement pour tamazight, mais aussi contre la loi de finances 2018. Lorsqu'il y a une situation de tension sociale, personne ne sait quel est l'événement qui peut produire le déclic. Les députés de la majorité et ceux de l'allégeance, qui ont rejeté l'amendement sur tamazight et qui osent accuser le PT, assumeront seuls les conséquences de ce rejet.» C'est ainsi que Louisa Hanoune, secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), a répondu aux multiples attaques et accusations dont fait l'objet sa formation après la polémique et les manifestations suscitées par le rejet de l'amendement présenté par son parti et relatif au dégagement d'une enveloppe pour la promotion de la langue amazighe et la généralisation de son enseignement. Pourtant, précise Mme Hanoune, ce n'est pas la première fois que les élus du PT proposent ce même amendement. Depuis 15 ans et à chaque opportunité, le PT le remet sur le tapis et à chaque fois il essuie un rejet de la part des partis de la majorité. «Le PT dépose cet amendement depuis 2002, date de la proclamation de tamazight langue nationale. J'ai eu moi-même à le déposer en 2002. Que s'est-il donc passé aujourd'hui ?» s'est interrogée la première dame du PT, lors d'une conférence animée au siège de son parti. Pourquoi cette fois-ci il y a eu des manifestations pour l'effectivité de la constitutionnalisation de tamazight comme deuxième langue nationale et officielle et pour sa promotion, notamment dans les wilayas de la Kabylie et à Batna ? s'est-elle demandé. Pour Mme Hanoune, son parti est resté fidèle à ses positions, mais ce qui a changé, c'est la situation qui prévaut dans le pays. «Les politiques prônées sont assassines, c'est aussi l'état d'esprit des citoyens qui a changé. Lorsqu'il y a de l'indignation et de la colère, personne ne sait quel est l'élément qui peut produire un déclic», a expliqué la leader du PT qui précise que les manifestations ont commencé en Kabylie, ce qui est normal, puisqu'il s'agit du bastion de ces revendications et la Kabylie a toujours été un terrain de lutte. Selon la première dame du PT, celui qui parle de manipulation méprise le peuple algérien et le sous-estime ; c'est pour elle du paternalisme. «Des aventuriers, notamment des militants du MAK, ont tenté d'infiltrer les marches, ce qui a provoqué des affrontements entre eux et les étudiants. Mais ils ont été tout de suite isolés. Où est la manipulation ?» s'interroge-t-elle, accusant les partis au pouvoir d'être à l'origine du marasme tout en dédouanant l'opposition. Elle soutient qu'aucun parti de l'opposition n'est responsable de ce qui se passe ou peut se produire à l'avenir, «car tous réunis, ils ne peuvent pas influer sur les décisions du Parlement. En janvier, les prix des produits vont flamber à cause de l'augmentation des prix du carburant. Est-ce le PT qui va assumer les conséquences de ces augmentations ou ceux qui ont voté pour cette loi de finances anticonstitutionnelle ?» Louisa Hanoune dit ne pas comprendre les réactions du FFS et du RCD. «Nous n'avons jamais mis en cause, ni tenu pour responsables ces deux partis. Il est certain que je ne vais pas tomber dans le piège de la diversion, je suis juste surprise de voir ces partis se joindre au déchaînement des responsables et des députés du FLN», a-t-elle déclaré. La première dame du PT a estimé que les manifestants se mobilisent non seulement pour le tamazight mais aussi contre la loi de finances 2018. «Il est impossible que la majorité accepte de mourir la bouche ouverte. Les luttes connaissent aujourd'hui une maturation», a-t-elle assuré. Sur un autre registre, la secrétaire générale du PT a mis en avant la nécessité de permettre aux différentes composantes de la scène politique et de la société civile de soutenir le peuple palestinien à travers «des manifestations pacifiques». «J'ai discuté avec de hauts responsables et je leur ai demandé de nous autoriser à manifester dans la rue pour soutenir la Palestine. Nous en avons ras-le-bol d'être enfermés dans une salle. Aujourd'hui, nous apprenons que les autorités autorisent un rassemblement à la coupole. Je suis déçue !» s'indigne Mme Hanoune.