l Cyril Ramaphosa, le vice-président du parti de Nelson Mandela, incarne l'aile réaliste, la frange social-démocrate du parti. Son adversaire, Nkosazana Dlamini-Zuma, ancienne ministre et présidente de la Commission de l'Union africaine, passe pour une tenante d'une politique plus brusque, poussant officiellement à des réformes radicales en faveur des oubliés de la croissance sud-africaine. La convention du Congrès national africain (ANC), le parti au pouvoir en Afrique du Sud, s'est ouverte hier à Johannesburg. Mais plus qu'un début, cette réunion va plutôt être la fin d'un long combat, d'une féroce lutte qui déchire depuis des années le parti de Nelson Mandela. L'issue est l'élection par les délégués du nouveau leader de l'ANC. C'est une étape fondamentale pour le pays dans la mesure où le système politique sud-africain, proche du britannique, fait que ce chef a toutes les chances de devenir le président de la République en 2019. La succession de Jacob Zuma, maître du parti depuis 10 ans, s'annonce très ouverte et tendue. Son règne a été marqué par une succession presque continue de scandales de corruption ou de mœurs, qui laissent une ANC profondément minée par de profondes dissensions. La mauvaise santé des finances de la première économie du continent, largement imputée à une gouvernance aléatoire, ajoute aux tensions les milieux d'affaires et la bourse surveillant d'ailleurs le vote avec anxiété. Cette polarisation se lit dans les candidats qui vont s'opposer. Les deux favoris sont hautement dissemblables. Cyril Ramaphosa, le vice-président, un militant syndicaliste devenu un homme extrêmement prospère, incarne l'aile réaliste, la frange social-démocrate du parti. Son adversaire, Nkosazana Dlamini-Zuma, ancienne ministre et présidente de la Commission de l'Union africaine, passe pour une tenante d'une politique plus brusque, poussant officiellement à des réformes radicales en faveur des oubliés de la croissance sud-africaine. Pour beaucoup, elle est aussi et surtout l'ex-épouse de Jacob Zuma, dont elle a eu quatre enfants et qui la soutient avec vigueur. Les détracteurs de Mme Dlamini-Zuma affirment qu'un marché secret la lie à son ancien mari pour le protéger contre les nombreuses poursuites judiciaires qui le guettent. Dans l'affrontement, Cyril Ramaphosa part, théoriquement, avec une légère avance. Selon les analystes, il dispose d'un certain avantage parmi les 5240 délégués. Nkosazana Dlamini-Zuma peut, pour sa part, s'appuyer sur plusieurs fédérations puissantes dans le parti, comme celles des jeunes ou des femmes. Le résultat est donc loin d'être acquis pour l'un ou pour l'autre. Le nom du vainqueur pourrait être connu au plus tôt dans la journée d'aujourd'hui. Mais pour l'ANC, le danger n'en sera pas effacé. Ce congrès porte en lui de grands risques de fractures, voire d'explosion d'un parti où cohabitent des lignes de pensée antagonistes.