La communauté éducative partagée. Une circulaire du ministère de l'Intérieur adressée aux walis et aux présidents des Assemblées populaires communales interpelle les responsables locaux sur la situation des cantines scolaires. Dans sa circulaire 1211 du 12 décembre dernier, le ministère de l'Intérieur qui déplore le fait que des cantines sont restées fermées à ce jour, ordonne aux présidents des APC de «considérer le fonctionnement des cantines scolaires du primaire parmi les dépenses obligatoires pour l'année 2018». Le département de M. Bedoui propose aux présidents des Assemblées populaires communales de faire appel à la contribution des parents d'élèves pour assurer la continuité du fonctionnement de ces structures afin d'assurer des repas chauds et de qualité aux élèves du primaire. Cette proposition n'est pas passée inaperçue auprès de la communauté de l'éducation. L'Union nationale des personnels de l'éducation et de la formation (Unpef) rejette catégoriquement la participation des parents d'élèves dans le financement des cantines scolaires, «quelles que soient les justifications», souligne Abdelwahab Lamri Zegar, secrétaire national chargé de l'information. Car, souligne-t-il, «ouvrir la possibilité de financement aux parents permettra à aux plus fortunés de peser dans le fonctionnement de l'école publique», craint le syndicaliste, redoutant que ce financement ouvre la voie à certains lobbys au sein des communes. Des craintes sont exprimées concernant l'impossibilité dans certaines communes de trouver des financements auprès des parents d'élèves dont les conditions sociales font qu'ils sont dans l'impossibilité de subvenir aux besoins de leur famille. «Le gouvernement doit assumer ses responsabilités en fournissant des repas chauds et de bonne qualité aux élèves dans tout le pays et en protégeant l'école de tous les effets de l'argent sale qui semble avoir commencé à s'étendre à toutes les sphères de la vie algérienne», soutient l'Unpef. Le Satef applaudit Le Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation (Satef) estime que le financement des cantines par les parents est une proposition du Satef depuis 2011. «Notre proposition est que la prise en charge des dépenses liées à la restauration se fasse comme pour le moyen et le secondaire. Les parents peuvent contribuer avec des sommes symboliques à l'amélioration des repas. On peut activer le système de bourse dispensant les familles à revenus limités des dépenses liées à la restauration dès le primaire», propose M. Amoura, président de ce syndicat. Ce dernier appelle à une enquête sur les subventions accordées pour certaines cantines qui demeurent fermées. L'Association nationale des parents d'élèves estime que «c'est à l'Etat d'assurer le fonctionnement des cantines scolaires». Khaled Ahmed, président de l'association, plaide pour une réunion tripartite (Intérieur-Education-parents d'élèves) pour fixer la marge d'intervention des parents d'élèves. Il faut savoir que la perturbation du fonctionnement des cantines scolaires ayant entraîné leur fermeture dans certains cas a commencé au troisième trimestre de l'année scolaire passée, avec le début de l'application du décret portant transfert de la gestion des cantines de la tutelle du ministère de l'Education nationale à celle des APC. Le texte promulgué au début de 2017 fixe les responsabilités des APC et celles du ministère de l'Education dans la gestion et le fonctionnement des cantines. Le ministère de l'Education continue de contribuer à hauteur de 30 DA/élève/repas dans les régions du nord du pays, et 40 DA pour celles du Sud, qui s'ajoutent à une contribution de la wilaya atteignant parfois 40 DA. Ces montants restent insuffisants pour assurer des repas chauds et équilibrés, notamment au niveau des communes pauvres. Dans le moyen et le secondaire, les cantines sont entièrement financées par le ministère de l'Education nationale.