Le début de la saison de cueillette des olives à Bouira n'a pas connu un fort engouement, contrairement aux années précédentes. La longue sécheresse qui a affecté l'ensemble des oliveraies de la wilaya de Bouira a sapé tout espoir d'une bonne récolte. Fort heureusement, les chutes de pluie de septembre dernier ont sauvé une bonne partie de la récolte. Les olives asséchées ont retrouvé leur forme naturelle. «Ces averses sont venues au moment idéal, c'est-à-dire lors de la période sensible du grossissement des olives», explique Ganoune Djoudi, directeur des services agricoles (DSA) de Bouira. Le même responsable ajoute que «l'olivier est victime de sa rusticité et de son caractère résistant aux aléas du temps. Malgré le délaissement dont il fait l'objet, cet arbre séculaire demeure généreux et productif». Au niveau de la wilaya de Bouira, les champs d'oliviers occupent une superficie de 37 000 hectares, avec une moyenne de 100 plants par hectare. Ce qui équivaut, approximativement à 3,7 millions d'oliviers. Théoriquement, cet énorme potentiel devrait chaque année produire une quantité d'huile supérieure à 10 millions de litres. Malheureusement, ce n'est plus le cas. Pour l'année en cours, les services de la DSA tablent sur 7 millions de litres, avec une moyenne de rendement estimée à 18 litres d'huile par quintal. «C'est une année de moyenne production», dira Abdelmalek Akkouche, secrétaire général de la Chambre de l'agriculture de Bouira, qui a organisé plusieurs sessions de formation et d'initiation des agriculteurs aux différentes techniques modernes de la filière oléicole. Malheureusement, les retombées sur cette filière sont peu significatives. Le manque d'eau d'irrigation pénalise aussi les agriculteurs. «Les oliveraies irriguées et bien entretenues donnent toujours une grande quantité d'olives et un bon rendement chaque année, ce qui est rare à Bouira. La plupart des oliveraies sont tributaires des eaux pluviales», déplore un agriculteur de l'est de la wilaya. Au début de cette campagne de cueillette, le quintal d'olives était cédé entre 6000 et 7000 DA. Cette année, un nouveau phénomène a fait son apparition. C'est celui de la vente des olives en provenance de l'ouest du pays à des prix inférieurs par rapport à ceux des olives produites localement. «Il y a escroquerie en la matière. Il s'agit d'olives de table, commercialisées en tant qu'olives à huile. Des quantités énormes ont été écoulées ces derniers jours», dénonce un revendeur d'olives. Par ailleurs, malgré les appels répétitifs des oléiculteurs pour bannir l'achat et la vente anarchiques des olives, cette activité ne cesse de proliférer, notamment au bord des routes nationales. La trituration des olives au niveau des huileries n'en est qu'à ses débuts. «C'est lors des vacances scolaires que nous recevons la majeure partie de la récolte», dira un oléifacteur d'Ahnif, à l'est de Bouira, où l'on trouve la majorité des huileries. Sur le territoire de la wilaya, il existe 211 huileries en activité, dont 77 soutenues par l'Etat. L'investissement dans les sous-produits de l'olivier n'en est qu'à ses débuts. Le nombre d'unités spécialisées dans ce créneau se compte sur les doigts d'une main. Quant aux tentatives d'exportation de l'huile, elles demeurent minimes. «Les oléifacteurs doivent s'organiser en coopératives et créer des réseaux pour trouver des débouchés et se lancer dans l'exportation. Pour cela, ils doivent travailler beaucoup plus sur la qualité, notamment l'huile vierge et extra vierge», estime le DSA de Bouira.