La 12e édition du FNTP s'est ouverte dans la sobriété pour ce qui est de l'entrée en matière officielle avec des discours de circonstance, puis s'est poursuivie, pour ceux qui ont l'âme bon public, dans la bonne humeur avec «Slalem eddhalma», le spectacle rapporté en compétition par le théâtre de Constantine. Lors de l'ouverture solennelle, une nouveauté : Yahiaoui Mohamed, le commissaire du festival, a prononcé son discours d'abord en tamazight puis en langue arabe, ce qui a été salué par la salle. Quant à celui de Azzedine Mihoubi, le ministre, il n'a pas fait l'impasse sur la question de la réforme des théâtres et celle de la politique d'austérité qui ont durement impacté l'activité théâtrale au point que certains théâtres ont déclaré forfait pour cette édition ou ont dû parrainer des spectacles produits par le théâtre de «l'initiative indépendante». Pour la réforme, la synthèse des travaux de réflexion a été finalisée. Selon des indiscrétions, il ne reste que la mise en forme juridique qui pourrait être fin prête au cours du premier trimestre 2018 pour être déposée au niveau du secrétariat général du gouvernement. Quant à «Slalem eddhalma » (les marches de l'obscurité), il est dans la veine de ce théâtre satirique, jouant à fond de la parodie et du grossissement du trait, que les hommes de théâtre de l'est du pays ont étrenné avec plus ou moins de réussite. Ahmed Rezzak et Lotfi Bensbaâ sont passés maîtres dans l'art de ce genre. Le spectacle écrit et monté par Kamel Ferrad, comédien à la base et marionnettiste de talent, est sans grande envergure. L'intrigue se veut une parabole à partir de quatre fables, celles du conte, mais que des clins d'œil au présent ramènent parfois à un prosaïsme réducteur. Quatre tableaux les rapportent. Leurs quatre fables racontent uniment l'histoire d'un «faible», parce que d'extraction humble, pris en apparence fermement entre les griffes d'un puissant. La conclusion, toujours identique, est en faveur de l'opprimé. On peut regretter que le fil conducteur du spectacle se perde par moments en raison d'une écriture dramatique insuffisamment resserrée et une mise en scène quelque peu approximative. Le copié/collé au plan de l'écriture scénique d'un tableau à l'autre, les longueurs, les pertes de rythme et les enchaînements maladroits se sont additionnés, ce qui ne pardonne pas dans un genre où la vivacité doit être absolument de mise pour que le rire fuse sous l'effet de surprise. Dans ce sens, Ferrad, pour sa première œuvre réalisée en professionnel, aurait pu se suffire d'une seule casquette plutôt que de trois : l'écriture, la mise en scène et l'interprétation puisqu'il s'est distribué. Reste les treize comédiens distribués qui n'ont pas démérité, eux dont la plupart sont familiers de ce genre basé sur la truculence et le jeu outré. Ce sont eux qui ont porté le spectacle par leur verve soutenue.