Samedi, 19h, au théâtre Mahieddine Bachetarzi, débute le In de la 12e édition du FNTP. Disons-le tout net : comme rarement, la compétition va être serrée au regard de la qualité de certains des seize spectacles que nous avons vus et d'autres au vu du talent incontesté de leurs auteurs. C'est dire, également, que les esprits chagrins qui dénigrent le théâtre algérien, sans venir voir de près ce qu'il fait de bon, auront encore une fois tort. C'est dire, en outre, combien va être difficile la mission du jury présidé par le dramaturge et journaliste culturel Allaoua Djeroua Wahbi. Commençons par ceux que nous avons pu voir. A l'est du pays, il y a Intihar errafiqa el mayita produit par le TR El Eulma d'après Véronika décide de mourir, un roman du Brésilien Paulo Coelho. Son adaptation est de Mohamed Adlène Bekhouche, un comédien, et sa mise en scène confiée à un Faouzi Ben Brahim qui n'est plus à présenter. Ses inspirées précédentes créations plaident pour lui. Pour avoir écrit tout le bien que nous en avons pensé lors de sa générale, nous ne saurions nous dédire en ne vous recommandant pas de voir Intihar… Le même Ben Brahim, toujours à l'Est, est à l'œuvre au théâtre de Batna avec La panne du Suisse Friedrich Dürrenmatt, un spécialiste du huis clos et dont Caténa a été monté en 1997 par le théâtre algérien. Le TR de Batna a toujours bien tiré son épingle du jeu au FNTP en faisant appel à Ben Brahim. Avec Abbar Azzedine, le TR de Sidi Bel Abbès a enfin récupéré une de ses valeurs sûres qu'il a délaissées. Abbar, avec trois autres comédiens, des sociétaires du TRSBA, ont fait à ce dernier un appréciable cadeau en montant le spectacle avec zéro dinar. Azzedine, qui a l'habitude de s'entourer d'un scénographe, d'un chorégraphe et d'un musicien, a dû en faire le deuil et compter sur son sens de la mise en scène et l'investissement de ses acteurs. Dommage, le spectacle n'a été représenté que trois fois, ce qui ne lui a pas permis d'être rodé. Depuis Sidi Bel Abbès, le théâtre indépendant est présent avec l'ACT2 (en référence à l'action culturelle des travailleurs, dénomination du théâtre de la mer avec l'arrivée de Kateb Yacine). En fait ACT2 a parrainé le spectacle de Ahmed Meddah (sortant de l'Ismas) et de ses trois complices (deux comédiens et un musicien). Ces quatre-là l'ont monté avec zéro dinar de façon à ce que personne d'autre qu'eux n'ait un droit de regard sur le montage de leur «fin de partie». A ne pas rater. Meddah s'était déjà illustré avec Othello au FNTP, il y a deux ou trois années. La pièce de Becket, Fin de partie, est encore présente au FNTP sous les couleurs du théâtre de Saïda. Ce dernier, n'ayant monté aucune production, a eu l'intelligence de parrainer le spectacle monté par de talentueux universitaires saïdiens auxquels s'est joint bénévolement Abdelhalim Zreiby. C'est une autre délectation. A voir pour comparer les deux versions avec celle, pour ceux qui s'en souviennent, qu'en a donnée le Mostaganémois Ahmed Belalem, il y a deux ans au FNTA. Du TR Oum El Bouagui, deux talents avérés (Ali Djebara à l'écriture et Ahmed Khoudi à la mise en scène) se sont associés autour de Al Achiâ, d'après Gogol. Produite par le TR de Skikda, Ma bkat hadra (Il n'y a plus rien à dire, un titre idoine pour une pièce d'inspiration absurde), Mohamed Charchal continue de prospecter une veine auprès de Ionesco plutôt que de Beckett, l'autre père du théâtre de l'absurde, un auteur avec lequel il ne se sent pas d'atomes crochus. Le TR Souk Ahras a jeté son dévolu sur un auteur et metteur en scène à succès. Tout un chacun se rappelle son Torchaka. Il s'agit de Ahmed Rezzak, qui nous vient cette fois avec Kechrouda. C'est avec curiosité qu'on l'attend, à l'instar du TR Djelfa, du TR Mostaganem qui a mis dans son moteur un Rabie Guichi qui a fait ses preuves. Idem pour les TR Béjaïa, Mascara, Constantine, Annaba (avec lequel revient Djamal Hamouda), Tizi Ouzou qui célèbre Mammeri bien que les commémorations ne donnent rien de bon au théâtre. On verra ce que Sid-Ahmed Benaïssa a fait avec Le Foehn.