Une centaine d'armateurs, de patrons de pêche, d'officiers et de marins pêcheurs de Annaba, Skikda et El Tarf étaient à Annaba. Ils participaient à une journée de sensibilisation sur les dispositions réglementant la pêche dans notre pays. Pour expliquer les différents points liés aux activités de la pêche, la protection des ressources, l'établissement et la présentation du carnet et du journal de pêche, trois cadres centraux avaient été dépêchés par le ministère de la Pêche et des Ressources halieutiques. Ils étaient attendus par des acteurs des activités de la mer très impatients d'en découdre. D'une raideur digne des fonctionnaires qu'ils sont, les 3 missionnaires d'Alger avaient parlé de l'étude achevée depuis deux années par les Espagnols sur l'évaluation des réserves halieutiques algériennes, les zones vierges et celles surexploitées, la spécialisation et la vocation régionales des zones, la protection des moyens et zones de reproduction. Un à un, les 3 envoyés spéciaux du ministère de la Pêche lisaient et expliquaient le contenu de la réglementation et des moyens mis en place par leur tutelle pour le développement de la pêche en Algérie. L'acquisition par l'Algérie d'un bateau-laboratoire, la dotation en balises électroniques reliées à un satellite pour la détection de bancs et l'identification du type de poisson, l'établissement du carnet et du journal de pêche et la formation font partie de la panoplie de moyens prévus. Mais ce n'était pas ce qui intéressait les participants à cette journée. Tous étaient impatients d'en découdre avec ce qu'ils ont estimé être le « milieu des requins ». « Je vous dit que 80% des pêcheurs, armateurs et patrons pêcheurs pêchent dans les zones interdites. Ils le font avec des filets à maille de 9 au lieu de 40 (selon le règlement) alors qu'en Europe, elle est de 20. Les rares qui travaillent honnêtement sont constamment harcelés par les gardes-côtes. D'autres ont été poursuivis en justice et sévèrement condamnés. Des petits métiers et pélagiques ont été transformés sans aucune autorisation en chalutier. Alors votre réglementation… », a déclaré un patron pêcheur. C'est dire que la colère était contenue depuis des mois tant à Annaba qu'à El Tarf et à Skikda. Dans ce secteur, le désordre est total. Il a été confirmé avec ce qui s'apparente à une escarmouche entre gros armateurs et patrons de petits métiers aux exigences contradictoires. Ce dimanche, à l'école de formation aux métiers de la pêche de Annaba, sous le regard du directeur de la pêche de la wilaya de Annaba et des 3 directeurs centraux du ministère de la Pêche, les pêcheurs ont exprimé leur ras-le-bol. « De quel développement de la pêche vous parlez quand on sait que l'Algérie est le seul pays au monde qui fait payer excessivement cher l'établissement du rôle. De 4000 DA, le prix de ce document est passé à 44 000 pour les petits métiers et 60 000 pour les autres. Quand on sait aussi que nous n'avons pas de possibilité de carénage et que pour cette opération, il faut nous déplacer en Tunisie pour payer en devises. »