Les travaux dépendent beaucoup plus du passage d'une délégation officielle que de la demande des habitants. Les habitants des localités de Harraga et de Benzerga, à l'est de la capitale, ont des années durant réclamé la réfection du revêtement en bitume de l'artère principale qui traverse de bout en bout leurs quartiers et qui n'est autre qu'un chemin de wilaya, en l'occurrence le CW149. Cette demande, exprimée à maintes reprises, est restée sans suite, jusqu'au jour où un cortège officiel devait passer par cette route. C'est ainsi que les habitants de ces deux localités ont vu leurs quartiers s'embellir, en l'espace de 48 heures seulement. Le défi a été instantanément relevé par les autorités locales, qui ont fait preuve d'un entrain et d'une dynamique jamais égalés. Le revêtement en bitume de la route a été refait en un temps record. Toutes les excavations qui ponctuaient l'axe routier ont été colmatées. Les travaux ont porté également sur le nettoyage des moindres recoins du quartier des détritus et des déchets solides qui se trouvaient là depuis fort longtemps. «Faut-il attendre le passage d'une délégation officielle pour que le bitume de la route soit refait ?», s'interroge un habitant de la localité de Harraga, et de s'emporter : «Sommes-nous des Algériens à part entière ou non ? Apparemment, ceux qui nous dirigent n'ont aucune considération pour nous. Nous sommes le petit peuple, car comment expliquer le comportement des pouvoirs publics qui relève tout simplement du mépris. Un responsable vaut-il plus que des milliers de citoyens ?» Tout compte fait, la délégation dont le passage a été fugace a permis à la route, qui traverse ces deux localités, de retrouver une praticabilité longtemps attendue par les automobilistes, car toutes les excavations qui ponctuaient cet important axe routier ont été colmatées. Toutefois, quelques heures seulement après le passage de la délégation, le goudron qui a servi à boucher les trous a commencé à se dissocier de la route. D'après les habitants du quartier, le goudron a été posé sur les excavations sans aucune préparation préalable. «Les ouvriers ont commencé à couvrir les trous dans la précipitation», disent les habitants. Au final, la route a retrouvé son état initial quelques jours après, car les travaux ont été bâclés. Quant à l'opération de ramassage des déchets solides, tels que les gravats et les restes de maçonnerie, elle a été stoppée net. Mis à part l'artère principale d'où devait passer le cortège, aucune autre rue n'a bénéficié de l'opération. Pis encore, les détritus et les gravats ont repris leur place, notamment à proximité d'un château d'eau. Aucune continuité n'a été donnée aux opérations de nettoyage. Les dernières pluies qui se sont abattues sur la capitale ont mis à nu le travail de l'APC. Tous les avaloirs qui se trouvent sur la route ont été bouchés. Il s'en est suivi des inondations qui ont bloqué la circulation routière des heures durant.