La wilaya compte une vingtaine de décharges sauvages, mais aucune usine de traitement et de recyclage de déchets. Le CET de Corso reçoit 499 000 tonnes de déchets annuellement, dont 488 000 tonnes proviennent des communes de l'est d'Alger. La prolifération des décharges sauvages et la mauvaise collecte des déchets ménagers et industriels ont causé, dans beaucoup de communes de la wilaya de Boumerdès, une dégradation environnementale et des menaces écologiques perceptibles à l'œil nu. Même les milieux ruraux n'ont pas été épargnés. Dans certaines cités de la ville de Boumerdès, comme la celle des 350 Logements, les coopératives croulent sous les immondices à longueur d'année. La poubelle jouxtant la polyclinique du centre-ville importune énormément les résidants des cités alentour. Non loin du mausolée de Boumerdassi, une décharge sauvage donne sur les rives d'un oued qui se déverse dans la mer. La wilaya compte plus d'une vingtaine de décharges sauvages. Après l'entrée en fonction du Centre régional d'enfouissement technique (CET) de Corso en 2014, le nombre de décharges clandestines a certes baissé sensiblement, de plus de la moitié, mais le problème est loin d'être résolu dans certaines localités, comme à Khemis El Khechna, où la décharge, se trouvant à la sortie est de la ville, continue toujours à incommoder les riverains. Qu'attend-on pour l'éradiquer et traiter ses effluves et les incessantes infractions au milieu ? Un seul CET pour 40 communes A l'est de la wilaya, vers Bordj Ménaïel, Si Mustapha, les Issers et au-delà, sont concentrées la plupart des décharges sauvages, encore fonctionnelles malgré leur clandestinité et les différents barrages des services de sécurité par où passent des camions lourds de leurs poids d'immondices sans qu'on daigne les arrêter. Il faudra peut-être attendre l'entrée en service du CET de Zemmouri (150t/j) dans les prochaines semaines. Pourtant, on ressasse que le degré de maîtrise de la gestion des déchets va de pair avec le développement durable. Lors de notre visite au CET de Corso, nous avons appris de son directeur, Ammi Ali, que le centre prend en charge 499 000 tonnes/an, dont 11 000 t seulement pour les 22 localités de l'ouest de Boumerdès et le reste provient des 18 communes de l'est d'Alger. En fait, ses 400 ouvriers traitent les déchets d'une quarantaine de communes, ainsi que ceux d'entreprises publiques, d'établissements des corps constitués, d'hôpitaux et d'établissements de santé, ainsi que ceux de l'aéroport Houari Boumediène. Le process semble bien huilé : 300 à 400 camions avec bennes-tasseuses subissent un contrôle à l'entrée. Puis ils se dirigent vers la pesée, avant de passer au tri. Là, un tapis mécanique permet aux ouvriers de sélectionner les matières plastiques, papiers et autres, vendus à des entreprises conventionnées pour ne laisser que les matières organiques qui seront orientées vers une décharge située à quelques mètres. C'est à ce niveau que des critiques se sont fait entendre quant aux émanations incommodantes, notamment pour les personnes sujettes à des difficultés respiratoires. Mr Ammi insiste pour «tranquilliser les riverains sur l'absence de tout danger». Il assure que le CET ne procède aucunement à l'incinération des déchets. «Il s'agit d'un phénomène naturel de dégagement d'odeurs par certains temps de courants éoliens propices à leur acheminement vers les zones environnantes tout au plus». «D'ailleurs, nous tentons d'atténuer ces effets par un système de drainage avec traitement des lixiviats et sa pulvérisation en attendant d'ouvrir un nouveau casier moins sensible aux vents d'ici une année», poursuit-il. Mais pourquoi ne pas avoir choisi un casier moins incommodant dès le départ ? En fait, il semble qu'il y ait eu un problème de conception du casier avec des malfaçons avant que la gestion du site ne soit confiée à l'équipe actuelle. Avec 1500 t/j de déchets et seulement 800 t/j de triés, le CET fait face à deux difficultés majeures. Infractions La première concerne les infractions de certains hôpitaux à jeter des déchets dangereux qu'ils auraient dû incinérer par leurs propres moyens. Pour 2017, le centre d'enfouissement a relevé 13 infractions de ce genre. Le second obstacle a trait au tri informel. Il y a l'informel même dans les déchets ! Des marchés de Kharrouba ou d'ailleurs sont célèbres par leurs 404 bâchées, qui passent aux aurores «nettoyer» les ordures des produits en plastique, en verre ou en papier pour les revendre aux recycleurs. Un manque à gagner pour le CET, qui doit multiplier ses capacités de recyclage s'il veut concurrencer l'informel. Pour ce faire, les spécialistes recommandent d'aller le plus tôt possible au tri à la source. M. Ammi reconnaît cette nécessité, mais «il faut d'abord que les gens apprennent à respecter les horaires pour jeter les déchets ménagers dans des bacs autorisés». Encore faut-il que les pouvoirs publics les installent aux bons endroits. L'autre source de profit est le compostage que le CET compte lancer en direction de l'agroalimentaire ainsi que le biogaz avec l'installation d'un système de captage et de transformation en énergie électrique. Il est vrai que des étudiants passent des stages pour leur mémoire sur le CET et le traitement des ordures, mais combien sont-ils à s'investir dans les PME de recyclage ? A Boumerdès, il n'y a aucune entreprise de ce genre. C'est pourtant ce créneau que les dispositifs d'aide à l'emploi des jeunes devraient encourager. Car rien ne se perd, tout se récupère, notamment pour les déchets.