L'Unicef (United Nations International Children's Emergency Fund) n'aurait jamais dû continuer à exister aujourd'hui, dans cette première décennie du XXIe siècle. Cependant, un monde privé de l'Unicef est simplement inimaginable. Pour célébrer son 60e anniversaire, l'organisation a rendu public, hier, le rapport 2007 consacré à la place des femmes dans le monde, au sein de la famille, dans la vie économique ou en politique et à son incidence sur les enfants. Le rapport « Situation des enfants dans le monde 2007 » porte sur la santé, l'éducation, la lutte contre la violence sexuelle et contre le VIH/sida. « Plus de 15 millions d'enfants en âge d'être scolarisés au primaire ne suivent pas les cours. Pour 100 garçons qui ne vont pas à l'école, il y a 115 filles dans la même situation », indique l'Unicef dans son rapport annuel pour montrer les inégalités entre les genres qui n'épargnent par les enfants dans le monde, notamment dans des pays en développement. Tout en relevant les conséquences de l'éducation sur la santé, l'agence onusienne, qui active dans 190 pays, précise que près d'une fille sur cinq dans le monde en développement n'achève pas son cycle d'études primaires. « Dans le monde en développement, seulement 43% des filles en âge d'être scolarisées dans le secondaire le sont effectivement. Les recherches montrent que les femmes qui ont reçu une éducation ont un moins grand risque de mourir pendant leur(s) accouchement(s) et ont plus de chances d'envoyer leur(s) enfant(s) à l'école », écrivent les auteurs de ce rapport. Citant une étude qu'elle a réalisée récemment dans ce domaine liant éducation et santé dans certains pays d'Amérique latine, des Caraïbes, d'Asie du Sud et d'Afrique subsaharienne, l'Unicef indique qu'en moyenne les enfants dont les mères n'ont pas bénéficié d'éducation ont au moins deux fois plus de risques de ne pas être scolarisés au primaire que les enfants dont les mères ont elles-mêmes été au primaire. Le rapport met également en exergue les dangers du mariage précoce qui toucherait, selon les statistiques de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), citées par les auteurs du rapport, « 36% des femmes âgées de 20 à 24 ans mariées ou en couple avant l'âge de 18 ans, le plus couramment en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud ». La précocité des grossesses et des accouchements est l'une des dangereuses conséquences des mariages précoces, souligne l'Unicef qui indique que « 14 millions de filles de 15 à 19 ans donnent naissance à un enfant chaque année dans le monde ». « Si une mère a moins de 18 ans, le risque pour son bébé de mourir durant la première année est 60% supérieur à celui que court un bébé dont la mère a plus de 19 ans. Les bébés de mères de moins de 18 ans courent plus de risques d'insuffisance pondérale à la naissance, de sous-alimentation et de retards dans leur développement physique et intellectuel », montre le rapport. « Une femme sur seize en Afrique subsaharienne meurt des conséquences de sa grossesse ou de son accouchement, contre 1 sur 4000 dans les pays industrialisés. » Concernant le risque du VIH, le rapport indique que dans plusieurs régions d'Afrique et des Caraïbes, les jeunes femmes âgées de 15 à 24 ans « ont six fois plus de risques d'être infectées par le VIH que les hommes du même âge ». Au-delà des raisons physiologiques propres à la femme, l'organisation montre du doigt « la discrimination sociale (qui) joue également un rôle, en refusant aux femmes le pouvoir de négociation dont elles ont besoin pour réduire le risque d'infection ». Quant aux taux d'analphabétisme, l'Unicef constate qu'ils sont élevés chez les femmes, les empêchant ainsi d'être informées sur les risques d'infection par le VIH et sur les moyens de se protéger. « Une étude menée sur 24 pays d'Afrique subsaharienne a révélé, chez plus des deux tiers des jeunes femmes, des lacunes dans la connaissance de la transmission du VIH. » Depuis 2000, les enfants sont placés au cœur du développement à travers les objectifs du millénaire (ODM) pour le développement fixés en 2000. L'ODM1 vise à éradiquer la pauvreté et la faim et l'ODM4 s'engage à réduire la mortalité infantile. Le pari est lancé pour 2015.