Les agences des Nations unies pour l'enfance et le sida attirent l'attention de la communauté internationale sur les millions d'enfants affectés par le virus du sida et privés de soins. Une campagne mondiale pour relancer l'action en faveur de millions d'enfants affectés par le virus et pour montrer « la face cachée » de la pandémie a été lancée la semaine dernière par l'Unicef, l'Onusida et d'autres partenaires pour « attirer l'attention de la communauté internationale sur l'impact énorme que le VIH/sida a sur les enfants », souligne un communiqué du Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef) rendu public le 25 octobre dernier en affirmant qu'il était scandaleux que moins de 5% des jeunes séropositifs bénéficient d'un traitement et que des millions d'enfants, dont les parents sont morts, survivent sans être pris en charge par qui que ce soit. Pour cette organisation internationale, les enfants affectés par cette terrible maladie sont absents des politiques nationales ou internationales de lutte contre la pandémie, et ils n'ont pas accès aux services de base dans le domaine des soins et de la prévention. L'Unicef précise que des millions d'enfants ont perdu au moins un parent, des frères ou des sœurs. « L'école, les soins de santé, la protection la plus élémentaire leur sont refusés, de même que bien d'autres éléments fondamentaux de l'enfance, à cause des ravages de la maladie », ont déclaré les deux institutions des Nations unies. Placée sous le thème « Unissons-nous pour les enfants, contre le sida », cette campagne se veut une sonnette d'alarme sur la situation vécue par ces petits innocents. L'Unicef, par la voix de la directrice générale Ann. M. Venemana, a rappelé, à l'occasion du lancement de cette campagne, que chaque minute un enfant meurt d'une maladie liée au sida, un enfant contracte le VIH, quatre jeunes de 15 à 24 ans contractent le VIH. De plus, quelque 15 millions d'enfants ont perdu au moins un de leurs parents à cause du sida. « Près de 25 ans après le début de cette pandémie, moins de 10 % des enfants affectés par le VIH/sida bénéficient d'une aide », a déploré le secrétaire général Kofi Annan. « Ces enfants sont abandonnés à eux-mêmes en bien trop grand nombre, ils grandissent seuls, ils grandissent trop vite ou ils meurent. En un mot, le sida ravage l'enfance. » Mme Venemana a déclaré que dans certains des pays les plus touchés, en particulier en Afrique subsaharienne, la pandémie du sida « anéantit des années de progrès en faveur des enfants ». Elle a fait valoir que des mesures concrètes destinées à lutter contre l'impact du sida sur les enfants sont indispensables à la réalisation des objectifs du millénaire pour le développement. « Depuis un quart de siècle, le VIH/sida a coûté la vie à plus de 20 millions de personnes et a fait chuter l'espérance de vie de près de 30 ans dans les pays les plus durement touchés », a-t-elle ajouté. Pour elle, une génération entière n'a jamais connu un monde sans VIH ni sida, et « pourtant, nos efforts n'ont rien de commensurable avec l'immensité du problème », a-t-elle déclaré. L'objectif de la campagne est que d'ici à 2010, 80% des femmes qui en ont besoin aient accès à des services destinés à empêcher la transmission du VIH à leurs enfants, comme il est question de procurer un traitement pédiatrique aux enfants. L'objectif de la campagne est aussi de fournir des traitements antirétroviraux et/ou du cotrimoxazole à 80 % des enfants qui en ont besoin d'ici à 2010 et réduire de 25 % le pourcentage de jeunes vivant avec le VIH dans le monde ; ceci en accord avec des objectifs mondialement acceptés. D'ici là, l'Unicef estime que rien qu'en Afrique subsaharienne, 18 millions d'enfants auront perdu au moins un de leurs parents à cause du sida. Pour l'Unicef, les enfants doivent être au centre des programmes de lutte contre le sida. D'après l'Onusida, il faudra 55 milliards de dollars, dont 28 milliards rien qu'en 2008, pour affronter cette pandémie. Il manque actuellement quelque 18 milliards de dollars pour la période 2005-2007. Non seulement il est nécessaire d'augmenter considérablement le financement de la campagne anti-sida, mais il importe d'en attribuer une portion importante aux enfants affectés par cette maladie, précise-t-on. Les deux organisations applaudissent, ajoute le communiqué, un certain nombre de nations qui se sont engagées à donner la priorité aux enfants affectés par le VIH/sida en allouant des fonds à l'enfance. « Le sida continue de déchirer les familles et des communautés entières, laissant derrière lui 15 millions d'orphelins et privant certains pays de toute perspective d'avenir », a indiqué Peter Piot, directeur exécutif d'Onusida. Les dirigeants nationaux qui participent au lancement de la campagne comprennent les présidents d'Inde, d'El Salvador, du Brésil, du Mozambique et de Djibouti, les Premiers ministres des Pays-Bas, d'Irlande et de Trinité-et-Tobago, ainsi que le ministre des Affaires étrangères australien.