« Ce n'est que du populisme. » Telle est la réaction du Front des forces socialistes (FFS) par rapport au discours prononcé, samedi, par le président de la République devant les walis. Discours dans lequel Abdelaziz Bouteflika avait dénoncé la corruption et critiqué le patron du MSP, Bouguerra Soltani, qui avait affirmé « avoir des dossiers de corruption impliquant de hautes personnalités politiques du pays ». La déclaration du chef de l'Etat est, selon le FFS, « d'une extrême gravité ». « Le Président est devenu un moyen par lequel on dit tout et on ne fait rien. C'est un discours purement populiste destiné à la consommation populiste. Bouteflika s'est montré incapable d'entreprendre des actions en vue d'éradiquer la corruption », a relevé Karim Tabbou, chargé de communication du FFS, lors d'un point de presse animé hier au siège du parti à Alger. La corruption, selon lui, représente en Algérie un des piliers du système. « Le chef de l'Etat lui-même détient un dossier sur le détournement des finances à la cour des comptes », a-t-il enchaîné. Pour l'orateur, le discours de Bouteflika s'adresse aux gens de la coupole du système qu'à ceux qui se trouvent à l'extérieur de cette dernière. Les propos de Bouguerra Soltani n'ont qu'un seul mérite qui est, selon lui, celui de prouver encore une fois l'absence de la justice. « Nous sommes dans un pays où les loups sont les premiers à crier au loup. Si le président du MSP escompte réaliser un coup médiatique, sa déclaration a le mérite d'avoir illustré l'absence de la justice, la déliquescence de l'Etat et le fonctionnement mafieux du système », a-t-il soutenu. La question de la corruption, a-t-il dit, n'est jamais posée comme un système et une culture des dirigeants du pays. Au contraire, la dénonciation de la corruption se fait dans des conjonctures bien précises et elle est devenue un slogan électoral et parfois un moyen de pression pour des repositionnements internes à la coupole du système. Cette dénonciation a un double objectif : « Le premier consiste à faire croire qu'il y a une liberté de parole et une participation effective des partis politiques à la gestion des affaires du pays. Le deuxième objectif obéit à une logique électoraliste visant à faire rebondir un parti dont la complicité avec le système a fait de lui l'enfant adoptif qui réclame le droit à l'héritage », a indiqué encore Karim Tabbou. L'unique rempart à la corruption, selon lui, est le retour à la démocratie avec la mise en place d'institutions crédibles et représentatives ainsi que l'instauration d'un Etat de droit. Boycott des sénatoriales, mais pas des locales Revenant sur le sujet des élections du renouvellement partiel du Conseil de la nation, Sénat, le conférencier a annoncé la décision de son parti de boycotter cette échéance. Cette décision est motivée, a-t-il indiqué, par le fait que cette chambre n'est pas destinée au représentant de la population, mais un lieu où se télescopent les intérêts de la clientèle du pouvoir. Le Sénat, a-t-il ajouté, est passé d'une chambre d'enregistrement à une organisation de soutien au chef de l'Etat. « La désignation d'un tiers de la composante de cette chambre est une escroquerie politique. L'élection d'un sénateur entraîne aujourd'hui deux intérêts : l'un est d'ordre personnel et l'autre vise à pérenniser le système », a-t-il noté. Pour lui, le FFS ne cautionnera jamais une telle mascarade et demande l'élection d'institutions représentatives en mettant en place une assemblée constituante. Cette décision, selon lui, n'a pas un rapport avec la dernière crise qui a secoué le parti. « Nous avons 1000 élus et nous en avons exclu 17. La question des sénatoriales a été discutée lors de la conférence nationale des élus organisée, il y a quelques semaines. La décision a été prise par la commission politique et celle de la stratégie politique. Le boycott de cette élection confirme la cohérence politique du parti », a-t-il renchéri. Avant de clarifier la position du parti par rapport aux prochaines législatives, Karim Tabbou confirme la participation du FFS aux élections locales d'octobre 2007. « Il n'est pas question de céder le pouvoir local », a-t-il conclu.