Les médecins résidents en sciences médicales sont déterminés à poursuivre leur grève entamée en novembre dernier malgré la décision du tribunal administratif de Bir Mourad Raïs jugeant le mouvement de protestation illégal. Le tribunal administratif a également ordonné l'évacuation des lieux occupés par les grévistes, notamment l'hôpital Mustapha Pacha où les médecins résidents ont prolongé leur rassemblement national qui a regroupé mardi près de 15 000 grévistes. «La décision du tribunal administratif, avec le double jeu du ministère de la Santé, vient mettre le feu aux poudres», estime le Dr Boussad Nehlil, membre du Collectif autonome des médecins résidents algériens (Camra), tout en signalant que la décision était attendue puisque des délégués du Camra ont été convoqués par le tribunal administratif mercredi. «Nous n'allons pas arrêter notre mouvement de protestation tant que nos revendications légitimes ne sont pas satisfaites. Qu'ils mettent 15 000 résidents grévistes en prison. Notre combat pour la dignité du médecin spécialiste va continuer malgré toutes ces provocations. Le ministère de la Santé nous appelle d'un côté pour des négociations et tente par ailleurs de nous discréditer auprès de l'opinion publique», relève le Dr Nehlil. Il accuse le ministère de la Santé de «manipulation en faisant circuler le document officiel remis par le Camra qui contient nos propositions soumises aux négociations à la commission intersectorielle. De tout le document, ils n'ont retenu que nos propositions concernant la rémunération du médecin spécialiste. Effectivement, nous revendiquons un salaire digne eu égard à notre formation comptabilisée sur 12 années d'études après le bac et les services de soins assurés dans les conditions les plus difficiles», signale-t-il. Et de rappeler que «l'Etat algérien paie bien les médecins cubains et chinois en euros pour l'équivalent de 700 000 à 800 000 DA. Pourquoi le médecin algérien ne mériterait pas un salaire de 500 000 DA ? Le médecin algérien est le moins payé dans le monde. Les médecins tunisiens et marocains nous dépassent de loin», s'est-il indigné. Le représentant du Camra signale que la question salariale n'est qu'un des points de la plateforme de doléances devant les autres revendications, à savoir l'abrogation du service civil et son remplacement par un autre système de couverture sanitaire pour l'intérêt du patient et l'épanouissement socioprofessionnel du médecin spécialiste. «C'est dans cet esprit que nous avons exigé l'augmentation des salaires qui sont aujourd'hui dérisoires. Un médecin spécialiste commence sa carrière avec 78 000 DA alors que le résident n'est payé qu'à partir de 55 000 DA», déplore-t-il avant de rappeler les autres revendications, telles que le droit à la dispense du service militaire comme tout citoyen algérien, le droit à une formation de qualité pour le résident en sciences médicales, la révision du statut général du résident. «Si on veut vraiment améliorer la qualité des soins et garder les spécialistes dans le secteur public, il est bien évident qu'il y a un prix à payer. Nous avons effectivement exigé des primes. Ce qui a sans doute effrayé le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière. Mais ces revendications sont soumises à discussions. Rien n'est encore acquis», a souligné le Dr Nehlil tout en affichant sa crainte d'un pourrissement de la situation.