A la faveur du débat enclenché suite à la signature de la charte sur le Partenariat public-privé (PPP) le 23 décembre dernier entre le gouvernement, l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA) et le Forum des chefs d'entreprise (FCE), la question est relancée. L'ouverture du capital des hôtels publics est en effet de nouveau au menu du gouvernement. Les sorties à ce sujet se sont d'ailleurs multipliées. Face aux difficultés financières, le gouvernement semble vouloir accélérer cette ouverture pour se désengager de la gestion de ces hôtels dont la liste n'a pas encore été rendue publique, même si l'on commence à parler du complexe des Andalouses à Oran, l'hôtel El Jazaïr, Essafir et d'El Manar de Sidi Fredj. Les difficultés dans lesquelles se débattent ces établissements explique cette option. En 2006, Noureddine Moussa, qui était en charge du ministère du Tourisme, avait annoncé que tous les hôtels publics allaient être privatisés. Deux ans auparavant, le gouvernement avait arrêté le nombre des infrastructures hôtelières concernées par ce processus à 25. Finalement, l'opération n'a pas touché un grand nombre, elle s'est limitée à quelques hôtels, une dizaine au plus, avec des processus entachés d'irrégularités et de zones d'ombre. Ce qui a, pour rappel, suscité des inquiétudes chez les travailleurs du secteur et les syndicalistes. En mars 2012, Smaïl Mimoun, alors en charge de ce secteur, avait affirmé que les établissements hôteliers publics ne feront plus l'objet de privatisation et resteront propriétés de l'Etat. Mais face aux difficultés financières actuelles, le gouvernement semble vouloir accélérer cette ouverture de capital pour se désengager de la gestion de ces hôtels. Les difficultés dans lesquelles se débattent ces établissements explique cette option. «Un état des lieux établi fait ressortir un fort endettement, une situation financière déstructurée avec certaines filiales au bord de la faillite, un management archaïque, des ressources humaines à la fois pléthorique et insuffisamment formées, des équipements et des infrastructures vétustes», a ainsi résumé, il y a un mois, précisément le 25 décembre dernier, Lazhar Bounafaa, le Président-directeur général du groupe public Hôtellerie-tourisme-thermalisme (HTT) la situation des établissements relevant du secteur public. A cette occasion, il n'a pas écarté la possibilité d'aller vers la privatisation d'hôtels publics. «Nous sommes prêts à accueillir toute décision efficace qui va dans l'intérêt du tourisme national», avait-t-il avancé en marge d'une cérémonie de signature des contrats de performance des PDG et DG des filiales du groupe. Une sortie intervenue deux jours après la signature de la charte sur le PPP. Parallèlement à ce processus qui se profile à l'horizon, le secteur connaît actuellement une opération de réhabilitation à travers 66 établissements dont 12 ont été achevées selon le ministre du Tourisme, Hassan Mermouri, en attendant la fin des travaux de réaménagement d'ici fin 2019. Réaménagements et difficultés Par exemple, uniquement pour les hôtels Cirta et Panoramic de Constantine pour lesquels l'EGT EST a ouvert les départs à la retraite (pour une centaine de personnes), une somme de 1000 milliards de centimes a été dégagée pour leur réhabilitation (Panoramic étant toujours fermé et la rénovation de Cirta n'est pas achevée), selon le repreneur de l'hôtel El Hidhab de Sétif, Abdelhamid Madani, qui nous avancera la même somme pour l'hôtel de Hammam Guergour. «Or, le problème est ailleurs, c'est un mode de gestion qu'il faut totalement abandonner et remplacer par un autre. Il faut le reconnaître, il y a des sureffectifs dans les hôtels publics avec plus de 200 employés dans chaque établissement alors que les besoins sont beaucoup moins importants», enchaînera M. Madani. Globalement, les travaux sont évalués entre 80 et 100 milliards de dinars, selon M. Bounafaa, qui a fixé pour sa part la date de la fin de l'opération à 2021, soit un décalage de deux ans par rapport à ce qu'a dit le ministre, lequel n'a pas manqué d'évoquer des difficultés financières et techniques mais «qui trouveront des solutions dans les proches délais», promet-il. Une déclaration faite le 14 décembre 2017 à partir de Biskra. Entre-temps, la privatisation s'est invitée au débat. Est-ce en raison de l'incapacité de l'Etat à faire face aux dépenses engendrées par la réhabilitation ? Un dossier pris en charge depuis des années mais sans résultats. Erreurs Déjà, en 2012, Smaïl Mimoun avait estimé cette opération de modernisation à 58 milliards de dinars au profit de 70 hôtels publics. Finalement, le montant a été revu à hausse et celui des bénéficiaires à la baisse alors que pour la privatisation, les éclairages se font attendre. Ce qui est certain, c'est que le projet est en marche sans toutefois que les choses ne soient clarifiées sur le mode opératoire mais surtout sans que le bilan des précédentes opérations de privatisation ne soit dressé pour pouvoir en tirer les leçons et éviter ainsi de tomber dans les mêmes erreurs. Des erreurs payées chèrement par un secteur qui peine à apporter sa contribution au développement de l'économie hors hydrocarbures en dépit des potentialités. Mais également payées par les travailleurs des hôtels touchés par le premier lot des privations, comme c'est le cas de celui d'Es Salam de Skikda cédé par l'Entreprise de gestion touristique de l'Est (EGT-EST ) à un opérateur privé qui a ouvert la porte de départ à ses salariés juste après sa reprise-indemnisation. L'affaire a même été portée devant la justice. Il y a eu par ailleurs l'ouverture du capital de l'hôtel d'Orient dépendant de l'EGT de Annaba, le Grand Hôtel d'Oran, El Riadh de Sidi Fredj repris par un investisseur libanais, et enfin l'hôtel El Hidhab de Sétif.