Sur un trajet inférieur à celui du métro, l'on paie pratiquement deux fois plus. Depuis l'augmentation des tarifs par les transporteurs privés sur la quasi-totalité des lignes, un phénomène est en train de se produire. De plus en plus d'usagers abandonnent les bus pour le métro. Le constat est fait par de nombreux citoyens, qui ont relevé, ces derniers jours, une plus grande affluence sur ce moyen de transport, désormais «pas très cher» comparativement au taxi et au bus. Selon de nombreux usagers, les hausses appliquées dépassent souvent les 10% annoncés. Des transporteurs ont bien profité de cette brèche pour saigner leurs clients. Cela, d'autant que les services de contrôle sont loin de se soucier outre mesure de la stricte application de cette augmentation, pourtant «officiellement» réglementée et encadrée. Dans différents points desservis par le tracé du métro, les usagers des bus ayant l'habitude de payer leur ticket 30 ou 35 DA ont vu le tarif atteindre 40 ou 45 DA. Autrement, ceux qui prennent le bus pour économiser 10 DA ou 15 DA ne sont plus motivés et n'hésitent plus à prendre le métro ou à s'y abonner. Pis encore, le taxi est complètement à éviter. Aller de la rue Hassiba Ben Bouali vers Belcourt coûte 80 à 90 DA, de la place des Martyrs vers Hassiba, pas moins de 70 DA. Autrement, sur un trajet inférieur à celui du métro, l'on paie pratiquement deux fois plus. De nombreux citoyens se plaignent de cette hausse, «conjuguée aux embouteillages et au mauvais accueil», relève un usager, qui dit avoir juré de ne prendre le taxi qu'en cas d'extrême nécessité. «L'on attend avec impatience l'ouverture de l'extension du métro vers la place des Martyrs et Aïn Naâdja. On n'aura plus affaire à des receveurs grincheux ou à des chauffeurs de taxi, qui mélangent le compteur et le collectif pour augmenter leurs gains», s'indigne un autre citoyen. Si les résidents aux alentours du tracé du métro et du tramway expriment leur allégresse, d'autres, si ce n'est la plupart, sont toutefois obligés de subir encore le diktat des transporteurs privés. De l'ITFC (Ben Aknoun) vers Ruisseau, l'on payait 20 DA, depuis peu le prix a augmenté à 35 DA, a-t-on constaté. Les exemples sont légion et la colère des usagers est grande. Aux augmentations imposées par les transporteurs, les autorités n'ont pas daigné, en retour, exiger la moindre amélioration du service. Des bus en mauvais état roulent toujours et des receveurs irrespectueux, sans tenue correcte, ni insigne, continuent à sévir, voire à harceler les usagers. Des pères de famille, en mal de joindre les deux bouts, n'hésitaient pas à prendre ces bus dans le seul souci de gagner 5 ou 10 DA, un réflexe qui semble à jamais disparu avec ces nouvelles augmentations. Et c'est à la charge des autorités publiques de desservir le maximum de quartiers et de cités en moyens de transport modernes, afin de pousser les «taxieurs» et autres chauffeurs de bus à améliorer le service en imposant une vraie concurrence. Dans l'état actuel des choses, le transport des voyageurs demeure un cauchemar pour la plupart des habitants ou des visiteurs de la capitale.