A Guelma, comme partout ailleurs, l'approche du Ramadhan fait courir beaucoup de monde. Cette année, à la faveur d'une persistante rumeur de pénuries en tous genres, avec une certaine frénésie et même parfois carrément une angoisse, les citoyens s'approvisionnent en denrées alimentaires, comme s'il s'agissait d'une guerre imminente et qu'il fallait se prémunir et prendre les devants. Et vas-y que je te pousse, chacun « rafle » de la semoule, de l'huile et bien d'autres produits. A la vue des gens transportant à bout de bras ce sacro-saint bidon d'huile de table de 5 l, l'on ne peut s'empêcher de dire que la culture du ventre a encore et toujours de beaux jours, voire de belles années devant elle. Quant à la mercuriale qui s'est fait des ailes, c'est, comme certains le constatent, tout à fait dans la logique des choses. D'abord, la demande devient forte, l'offre ne pouvant pas suivre son rythme, la rareté de la chose fait augmenter son prix. Puis, les consommateurs doivent être avertis que les commerçants font leur meilleur chiffre d'affaires durant ce mois sacré. Avec franchise, certains nous ont dit à plusieurs reprises : « Le chiffre d'affaires du Ramadhan dépasse de loin celui réalisé durant les onze autres mois de l'année. » Durant ce mois, comme d'habitude, beaucoup de gens vont s'adonner à tous les commerces, et beaucoup d'une manière illégale, sans respect des conditions requises et, bien entendu, sans registre du commerce : marchands de fruits et légumes activant à même le trottoir ; vendeurs de volaille vivante et à la demande, bouchers à même la chaussée ; épiciers exposant leurs produits à l'air libre, au soleil et à la chaleur... D'autres s'improviseront confectionneurs de zlabia, travaillant dans des conditions d'hygiène terribles, dans l'insalubrité absolue. Les abattoirs clandestins, qui existent déjà, vont se multiplier ou multiplier le nombre de bêtes à abattre. La DCP fera courir ses agents à droite et à gauche puis donnera des chiffres prouvant qu'elle a travaillé durant ce mois. Les citoyens, en achetant certains produits sans faire attention à ce qu'ils achètent, et en les consommant, auront quand même passé le Ramadhan dans la piété et l'abstinence ! Indubitablement. Ainsi vous diront tous les jeûneurs, consommateurs et commerçants. Tout le monde est beau, tout le monde est gentil. Allez, bon Ramadhan et au prochain Ramadhan !