Le groupe d'Issad Rebrab a mis au point des brevets pour la production de l'eau ultra pure, des membranes et des stations de traitement des eaux de l'industrie du schiste. Le groupe Cevital va investir dans la production de l'eau ultra pure et le traitement des eaux de l'industrie du schiste. En annonçant, ce jeudi, aux investisseurs français, conduits en Algérie par Pierre Gattaz, président du Medef, avoir mis au point des brevets pour la production de l'eau ultra pure et des stations de traitement des eaux de l'industrie du schiste, le groupe d'Issad Rebrab entend accélérer le déploiement de sa technologie en France, aux Etats-Unis, en Algérie et un peu partout dans le monde. Le patron du groupe Cevital n'a pas voulu préciser le montant de cet investissement (plusieurs dizaines de millions d'euros). Mais il s'agit pour lui d'un positionnement stratégique et d'une technologie toute nouvelle permettant à son entreprise de travailler au plus près des poids lourds mondiaux de l'industrie chimique, de l'industrie du schiste ainsi que des industries du médicament, des semi-conducteurs et de l'agroalimentaire. «Nos centres de recherche et développement ont mis au point des brevets pour produire des membranes et des stations de production d'eau ultra pure pour l'industrie pharmaceutique, l'industrie des semi-conducteurs, pour l'agroalimentaire ainsi que pour l'industrie chimique et l'industrie du schiste», a annoncé Issad Rebrab aux membres du Medef ayant visité, jeudi, l'usine MFG (Mediterranean float glass), sise à Larbaâ, dans la wilaya de Blida. La technologie du groupe Cevital, mise au point par ses quatre centres de recherche et développement implantés en France, en Algérie et en Allemagne, permettra de fabriquer des «membranes et des stations de production d'eau ultra pure», explique le patron du groupe, Issad Rebrab. «C'est une nouvelle technologie que nous sommes en train d'industrialiser et qui sera installée au niveau mondial», soutient-il. Elle représente en tout cas une avancée énorme en termes à la fois technologique et industriel du groupe privé algérien. Cevital déploiera cette technologie sur plusieurs sites en Algérie, en France et en Allemagne. L'usinage se met en branle dès 2018 «Pour les membranes, nous allons les produire en Algérie. Nous pouvons automatiser les process de production et les concentrer sur un seul site. Quant aux stations de production de l'eau ultra pure, nous allons les fabriquer en France, dans les installations de Brandt, en Allemagne et en Algérie. La fabrication d'une unité de production d'eau ultra pure demande plus de temps et un déploiement sur plusieurs sites», explique Issad Rebrab. Il veut faire de cette nouvelle technologie de son groupe d'une pierre deux coups : «vendre de l'eau ultra pure» et répondre ainsi aux besoins de plusieurs industries et «traiter les eaux de l'industrie du schiste». «Par le biais de cette nouvelle technologie, nous allons ainsi éviter que les eaux de cette industrie ne polluent la nature», souligne le patron de Cevital, dans un échange avec les journalistes, à l'issue de la visite qui a conduit les patrons du Medef à l'une des installations de son groupe en Algérie, MFG en l'occurrence. Sur les deux leviers, Cevital est parti aussitôt au galop puisqu'il a déjà commandé les équipements pour la production des membranes. «Nous allons commencer la production cette année», précise Issad Rebrab, répliquant à une question d'El Watan sur les détails de son projet. Quant au volet lié au traitement des eaux de l'industrie du schiste, le patron de Cevital fait savoir qu'un directeur commercial de son groupe, actuellement aux Etats-Unis, était déjà «en discussion avec toutes les sociétés américaines investies dans l'industrie du schiste afin de proposer notre technologie et conclure des contrats.» Ce nouvel investissement permettra ainsi à Cevital d'ajouter une nouvelle corde à son arc. La stratégie du groupe est désormais claire : mixer investissement dans les dernières technologies et positionnement sur les grands marchés. La progression des affaires du groupe à l'international ne s'essouffle pas. Cevital va investir en Ethiopie, dans le domaine agricole, d'après Issad Rebrab. Franc plaidoyer pour l'Afrique «Aujourd'hui, au niveau agricole, beaucoup de pays africains n'arrivent pas à couvrir leurs besoins alimentaires, alors que le potentiel agricole de l'Afrique est aussi riche que le potentiel américain qui nourrit une bonne partie du monde. L'Europe, elle, importe aujourd'hui 34 millions de tonnes de soja et de tourteau de soja des Amériques. La Chine et le Maghreb aussi, alors que ces volumes auraient pu être produits en Afrique et exportés à partir de ce continent», dira le PDG de Cevital. Il veut attirer l'attention des Européens sur la nécessité d'investir en Afrique à même de contenir les flux migratoires. C'est aussi un gain énorme en compétitivité, selon ses propos. «Cevital, qui exporte vers la Côte d'Ivoire, met un mois et demi en bateau pour que ses containers arrivent à Abidjan, alors que si on mettait deux lignes de chemin de fer qui vont jusqu'à cette ville, on mettrait à peine 36 heures. Et si vous envoyez une marchandise à partir de la Méditerranée vers l'Afrique centrale par bateau, elle mettra deux mois et demi». «L'Algérie est un eldorado pour les investisseurs. C'est un des pays où vous pouvez avoir le retour sur investissement le plus rapide. (...) C'est un pays qui a un grand potentiel, qui peut servir d'un trait d'union pour le développement de l'Afrique», souligne Issad Rebrab, en s'adressant aux opérateurs français reçus, jeudi, dans les locaux de sa filiale Mediterranean Float Glass. Le patron du Medef, Pierre Gattaz, a dit toute sa fierté d'échanger avec un patron algérien qui a contribué non seulement à créer de la valeur ajoutée et des emplois en Algérie et en France, mais aussi à en sauver des milliers. «Les investissements de Cevital en France ont changé l'image de ce pays en France», conclut l'ambassadeur français en poste à Alger, Xavier Driencourt.