Sur un montant total de près de 4780 milliards de dinars en circulation entre billets de banque et pièces de monnaie, quelque 1500 à 2000 milliards de dinars sont thésaurisés et circulent actuellement hors circuit bancaire, selon les estimations avancées hier par le gouverneur de la Banque d'Algérie (BA), Mohamed Loukal. Intervenant devant l'Assemblée populaire nationale (APN) pour présenter la conjoncture financière et monétaire des exercices 2016 et 2017, le gouverneur de la BA a ainsi tenu à mettre en avant l'impératif d'œuvrer à intégrer la canalisation de ces fonds conséquents qui circulent hors banques parmi les priorités essentielles de la stratégie financière et commerciale du pays. Dans cet ordre d'idées, a-t-il révélé, quelque 105 milliards de dinars sur le total des fonds non bancarisés ont pu être canalisés vers les banques rien que durant le seul mois de décembre dernier, et ce à la faveur notamment des récentes mesures édictées par la Banque centrale sur les procédures liées aux domiciliations bancaires. Aussi, a-t-il affirmé, après avoir chuté à 512 milliards de dinars en septembre dernier, le niveau global de la liquidité bancaire s'est amélioré pour atteindre quelque 1400 milliards de dinars à fin 2017, grâce surtout, a-t-il expliqué, à la réactivation par la BA des instruments de refinancement des banques primaires (réescompte et open-market), mais aussi à la mise en place du dispositif de financement interne non conventionnel. Erosion des réserves et dépréciation Au plan des équilibres extérieurs, a par ailleurs dévoilé le premier responsable de la Banque centrale, le montant global des exportations a connu une relative amélioration pour atteindre 32,9milliards de dollars à fin 2017 contre 29,3 milliards en 2016, tandis que les importations n'ont connu qu'une très légère baisse passant à 48,7 milliards de dollars à fin décembre dernier, contre 49,4 milliards durant l'exercice précédent. En conséquence, le déficit global de la balance des paiements reste à un niveau conséquent , soit plus de 23 milliards de dollars à fin 2017, charriant ainsi une nouvelle érosion des réserves officielles de changes dont le montant a ainsi reculé à 97,3 milliards de dollars à la fin de l'année écoulée, contre 114,1 milliards de dollars en 2016, soit une contraction sévère de près de 17 milliards de dollars en l'espace d'un seul exercice. Dans ce sillage, la valeur du dinar algérien, a indiqué le gouverneur de la BA, a bouclé l'exercice écoulé avec une dépréciation conséquente de l'ordre de 15,36% par rapport à la monnaie européenne et ce, a-t-il considéré, «essentiellement en raison des pressions nées de le forte hausse de l'euro par rapport au dollar sur le marché international». Quoi qu'il en soit, avertit en définitive Mohamed Loukal, au vu des perspectives du maintien à moyen terme des cours du pétrole à leur niveau actuel et de la dégradation des équilibres financiers extérieurs du pays, il est impératif de déployer davantage d'efforts pour maîtriser l'absorption locale et d'améliorer la production nationale afin de limiter le déséquilibre de la balance des paiements et de freiner l'érosion des réserves officielles de change.