C'est une vaine tentative de raviver un grand corps malade. L'Union du Maghreb arabe est moribonde, minée par la guéguerre que se livrent l'Algérie et le Maroc depuis de nombreuses années. A l'occasion du 29e anniversaire de l'UMA, le président Bouteflika a une nouvelle fois réaffirmé au roi Mohammed VI «l'attachement constant de l'Algérie à l'Union du Maghreb arabe en tant que choix stratégique et revendication populaire et sa volonté à redynamiser ses institutions et structures pour défendre les intérêts communs, relever les défis croissants et répondre aux attentes et aspirations des peuples maghrébins à davantage d'unité, de complémentarité et d'intégrité». Le président algérien a souligné que cet anniversaire historique est «une occasion pour rappeler les relations de fraternité, de solidarité et de bon voisinage liant les peuples maghrébins ainsi que les constantes civilisationnelles qu'ils ont en partage et leur communauté de destin». «C'est là une station qui appelle à évaluer le parcours de l'Union du Maghreb arabe et à développer et adapter son fonctionnement aux impératifs de la conjoncture de manière à consolider et renforcer l'édifice maghrébin», a ajouté le chef de l'Etat, qui a adressé également des messages aux présidents tunisien et mauritanien. Voilà pour le volet diplomatique. Reste que dans les faits, l'UMA est au mieux une coquille vide, malgré ses 80 millions d'habitants, ses richesses en pétrole, en gaz et en eau. La «communauté de destin» dont les leaders des cinq pays maghrébins avaient jeté les bases lors du sommet de Marrakech, en 1989, n'est jamais parvenue à dépasser le stade des belles intentions. Et pour cause : l'UMA n'a jamais réussi à se concrétiser en communauté économique et politique afin de parvenir à l'intégration du Maghreb. L'article 2 du traité d'Union officialise la zone de libre-échange et la libre circulation des hommes, des marchandises et des capitaux, mais la disposition est restée purement théorique. Autres raisons du blocage : les divergences politiques entre les différents gouvernements des Etats membres et le contentieux diplomatique entre le Maroc et l'Algérie sur le Sahara qui ne cesse d'envenimer les relations bilatérales entre ces deux pays. Depuis 1994, la frontière terrestre entre l'Algérie et le Maroc est fermée. Quant au Conseil suprême – l'instance de décision de l'UMA, composée des cinq chefs d'Etat –, il ne s'est pas réuni depuis 1994. Fin octobre dernier, Mohammed VI a proclamé la fin de l'UMA, dans un discours prononcé à la clôture du sommet de l'Union africaine, que son pays venait de réintégrer. «La flamme de l'UMA s'est éteinte parce que la foi dans un intérêt commun a disparu !» a déclaré le souverain marocain qui a enclenché une opération d'adhésion à la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao), signant par la même la mort de l'UMA. Il ne reste que le secrétaire général de l'Union du Maghreb arabe, Taïeb Bekkouche, à vouloir encore espérer une sortie de crise de l'organisation maghrébine. «La flamme de l'UMA va se rallumer», déclarait-il dans un entretien à un hebdomadaire. Il est bien le seul à croire au miracle.