Cette rencontre reportée à plusieurs reprises est prévue pour les 23 et 24 décembre prochains à Alger. À trop vouloir faire comme si de rien n'était et s'en tenir aux accolades protocolaires pour masquer le profond malaise avec le voisin marocain, les autorités algériennes risquent, une fois encore, de subir un cuisant échec dans leur entêtement à réactiver l'Union du Maghreb arabe (UMA). La convocation d'un sommet des chefs d'Etat pour les 23 et 24 décembre prochains à Alger pourrait, en effet, faire un flop monumental. Et pour cause, à une semaine de la tenue de cette rencontre, le risque d'une défection du roi du Maroc, Mohammed VI, conduira inévitablement à son ajournement. Cette éventualité est d'autant plus sérieuse que le précédant de juin 2002 renseigne à quel point la présence des cinq chefs d'Etat de la région autour d'une même table serait miraculeuse. Profitant de son séjour à Marrakech au sommet Sud-Sud, le chef de la diplomatie algérienne, Abdelaziz Belkhadem, a remis, hier, au souverain alaouite la lettre d'invitation du président Bouteflika au sommet de l'UMA. En y mettant les formes, Alger s'assurera-t-il le ralliement des Marocains ? À coup sûr, l'émissaire d'El-Mouradia a développé auprès de son hôte le discours habituel quant à la nécessaire réconciliation pour les bienfaits de la construction maghrébine. Or, à l'état actuel des choses, les divergences quasiment insurmontables entre les deux pays à propos, notamment, du problème du Sahara occidental hypothèquent toutes les chances de normalisation et d'intégration dans un espace commun. Depuis sa création en 1989 à Marrakech, l'UMA est restée au stade de maturation stérile. Les attentats islamistes qui se sont produits dans cette même ville, en 1994, ayant conduit à la fermeture des frontières algéro-marocaines, ont davantage envenimé la situation. Limitées aux experts et aux ministres, les rencontres se sont rarement soldées par des initiatives louables. L'UMA est en panne. En l'absence de volonté politique, elle s'est transformée en coquille vide. Depuis plus d'une décennie, on assiste à d'éternels recommencements, sans résultat probant. Programmé à plusieurs reprises, le septième sommet de l'Union n'a pas encore eu lieu. En juin 2002, un consensus était enfin obtenu pour sa tenue à Alger. À la dernière minute, alors que tout était fin prêt, le roi du Maroc s'est décommandé. À l'origine de cette défection, le Chef du gouvernement marocain a évoqué des “initiatives surprenantes prises par les voisins algériens”, à savoir le rejet par Alger de l'accord cadre prévoyant une autonomie pour les territoires sahraouis. L'absence de Mohammed VI a tout bonnement conduit à l'ajournement de la rencontre par les autorités algériennes qui avaient prétexté une proposition de report émanant du chef de l'Etat libyen Kadhafi. La Libye devait, en principe, prendre le relais après le sommet et assurer la présidence de l'UMA. En deux ans, la situation n'a guère évolué. Les relations algéro-marocaines sont toujours au point mort. Il est donc peu probable d'assister à des retrouvailles chaleureuses. De sources diplomatiques à Alger, on apprend, en effet, que la venue du roi est incertaine. Le déplacement des experts et du chef de la diplomatie est uniquement confirmé. Une réunion du comité de suivi est annoncée pour demain. Au début de la semaine prochaine, se réuniront les ministres des Affaires étrangères des Cinq. Reste le sommet. Outre le souverain alaouite, il semble que Mouawiya Sid Ahmed Ould Taya, président de la Mauritanie ne va pas, également, prendre part à la rencontre. “Sa venue n'est ni confirmée ni infirmée”, s'est contenté de nous dire un représentant de l'ambassade. Faisant fi d'un fiasco, les Algériens continuent, pour leur part, à préparer le sommet. Au ministère des Affaires étrangères, on reste confiant. S. L. MohaMmed VI reçoit un message de Bouteflika Le roi Mohammed VI a reçu, hier, à Marrakech, le ministre des Affaires étrangères, Abdelaziz Belkhadem, qui lui a remis un message du président Abdelaziz Bouteflika, a rapporté, hier, l'agence marocaine de presse MAP. Aucune indication n'a été donnée sur la teneur de ce message. L'audience du roi avec Abdelaziz Belkhadem s'est déroulée en présence du ministre marocain des Affaires étrangères, Mohamed Benaïssa. La rencontre de l'émissaire algérien avec le souverain marocain intervient après l'annonce faite par l'Algérie, le 14 décembre, que le 7e sommet de l'Union du Maghreb arabe (UMA) se tiendra les 23 et 24 décembre à Alger. Le chef de la diplomatie algérienne est arrivé lundi à Marrakech pour participer à une réunion du groupe des “77” et de la chine, qui se tient dans cette ville jusqu'au 19 décembre. Le sommet de l'UMA sera précédé notamment du Conseil des ministres de cette organisation regroupant l'Algérie, le Maroc, la Tunisie, la Libye et la Mauritanie, le 21 décembre.