C'est par la voix de Ramtane Taazibt, un de ses députés et membre de sa direction politique, que le PT (Parti des travailleurs) a répondu hier aux déclarations d'Ahmed Ouyahia, secrétaire général du RND (Rassemblement national démocratique) et Premier ministre, tenues vendredi dernier à Biskra. Le chef de l'Exécutif avait dit «ignorer le sens» de l'initiative du PT, qui consiste à aller vers «une constituante» pour «sortir le pays du marasme» en l'accusant d'avoir des «arrière-pensées». La réaction du PT ne s'est pas fait attendre. Dans sa déclaration, Ramtane Taazibt n'y est pas allé avec le dos de la cuillère. «L'initiative du PT est claire, nette et précise. Elle veut sauver le pays du système périmé du parti unique qui est en train de bloquer toutes les issues. Un système et des responsables qui entretiennent la corruption, la prédation et la dilapidation. Nous voulons sauver l'Etat algérien menacé d'effondrement par ces pratiques érigées en système. Le pays a besoin du renouveau politique et d'institutions légitimes saines, capables de donner un nouveau souffle pour aller vers de nouveaux horizons», note Taazibt. Et de préciser que l'initiative de son parti «est d'essence démocratique, car elle appelle le président de la République à convoquer une Assemblée constituante qui, avec suffisamment de prérogatives, rédigera une nouvelle Constitution (pour préserver les acquis, lever les contradictions et élargir les droits effectifs dans tous les domaines...) et contrôlera réellement l'action de l'Exécutif». Ramtane Taazibt rappelle que contrairement aux déclarations du Premier ministre et secrétaire général du RND, «une telle assemblée ne ramènera pas le pays à 1962, mais consolidera les acquis et repoussera les agressions et les menaces qui pèsent sur la nation en stoppant immédiatement la politique d'austérité imposée au peuple travailleur, fera sortir le pays de la récession et constituera l'échelle mobile des salaires et des retraites pour préserver le pouvoir d'achat des ménages. Mieux encore, une telle Assemblée libérera la justice, lèvera tous les obstacles dressés devant les libertés et agira pour préserver les biens de la collectivité nationale des pratiques maffieuses en récupérant les biens de la nation spoliés par une minorité». Poursuivant sa diatribe contre «les allégations» d'Ouyahia, le député affirme que le PT «ne prétend pas tout détruire, mais reconstruire sur de nouvelles bases. C'est le peuple souverain qui sauvera le pays à travers la mise en place des institutions dont il a besoin et satisfaire ainsi toutes ses aspirations». Pour le signataire de la déclaration, «ceux qui s'opposent à un tel projet ont des intérêts à préserver et des projections pour perpétuer une politique au service d'une minorité. Conscient qu'il y a péril en la demeure, le PT en appelle au président de la République pour sortir de l'impasse actuelle en donnant la parole au peuple». M. Taazibt tente d'expliquer les contours de la solution politique de sortie de crise proposée par son parti en disant que cette réponse «fait peur aux partisans du statu quo dangereux dans lequel ils veulent installer le pays. Evidemment, tous ceux qui tirent profit de la situation actuelle (hold-up électoraux, prédation, impunité, absence de tout contrôle sur les deniers publics...) voudront que la situation reste en l'état. Mais ce statu quo risque d'emporter le pays avide d'un vrai et urgent changement. La précarité sociale, les disparités sociales et régionales, la hogra, les remises en cause de droits sociaux et démocratiques sont des ingrédients de toute explosion sociale (…) réunis grâce à la politique adoptée par les différents gouvernements depuis 2015.»