Qu'est-ce qui caractérise cette 32e édition du Sival ? Ce Sival se déroule dans un contexte assez serein au niveau de la production arboricole, maraîchage et semences et vitivinicole. Il y a un bon cru et c'est ce qui nous a permis d'agrandir les activités du Sival puisque les demandes de participation sont nombreuses. Nous avons dépassé la barre des 23 000 visiteurs. Donc, nous avons agrandi de 1000 m2 la surface du parc, ce qui nous a permis de recevoir une cinquantaine d'exposants supplémentaires. Aujourd'hui, on frôle les 700 exposants. Et comme le salon est à l'image de ce que sera demain l'agriculture, principalement dans les productions spécialisées, il y a une forte demande des citoyens sur ce que sera l'alimentation de demain. Donc, on a créé ici au Sival fruit 2050. Il y aura à cet effet un débat citoyen qui est une première et se confronter à ce qu'attendent les consommateurs. D'autant plus que le consommateur et les médias sont à l'affût sur ce qui a trait à la sécurité sanitaire. Et le danger pour nous, c'est lorsque le consommateur doute de ce qu'il consomme. Tous les pays du monde sont rattrapés par cette inquiétude alimentaire. Avec l'affaire du lait contaminé, monsanto, et autres scandale liés à la qualité de notre alimentation, quelle sera l'alimentation de demain ? C'est le grand challenge je pense, et chaque pays est confronté à ce dilemme. Je fais un certain nombre de conférences dans beaucoup de pays dans le monde. Là où on m'invite — la dernière fois c'était en Colombie — pour quelque congrès que ce soit, des agriculteurs, même les petits producteurs de fruits et légumes, se posent les mêmes questions quant à comment produire demain et comment mieux produire. Il y a une demande légitime des consommateurs et des citoyens sur la tracabilité et sur le fait de mettre dans mon assiette un produit frais ou transformé tout en faisant confiance aux acteurs qui ont proposé ce produit. Même si toutes les précautions d'usage ont étés prises, que ce soit au niveau de la production ou de la transformation dans les lieux industriels, il faut reconnaître que le risque zéro n'existe pas. Il faut bien entendu faire plus, c'est d'ailleurs l'une des recommandations des états généraux de l'alimentation qu'a demandé le président Macron lorsqu'il a été élu. Deux approches ont étés dégagées. D'abord, il faut que le producteur soit rémunéré à la hauteur de son travail, de la recherche, de l'innovation. Et puis, de l'autre côté, comment avoir une agriculture plus citoyenne, plus proche du monde de l'écologie avec zéro pesticide, etc. et comment peut-on concilier les deux ; je pense que le deal est là, c'est comme pour l'automobile : le consommateur accepte de payer un peu plus pour avoir plus de commodités, de confort et sécurité. L'agriculteur ne peut pas continuer à produire à bas coût des produits de qualité. Donc, selon vous, il faut payer un peu plus pour avoir des produits de qualité ? Effectivement. ça sera le deal. On ne peut pas continuer à produire à bas coût une agriculture intensive et pas chère comme la Chine l'a fait en polluant ses terres avec une agriculture intensive mais avec des méthodes non adaptées à une nouvelle alimentation. Le consommateur doit comprendre que le changement dans le monde agricole ne se fait pas d'un claquement des doigts, ça prend beaucoup de temps. Il faut se préparer au changement climatique et nutritionnel, ce qui nécessite un effort financier et des aménagements. Quel est le secret d'une telle réussite du végétal dans la région ? C'est un tout. C'est toute une dynamique. Vegepolys, ce pôle de compétitivité de renommé mondiale sur l'innovation végétale existe parce qu'il y a toute une dynamique autour. Des partenariats en vue avec l'Algérie ? On a essayé d'avoir un certain nombre de partenariats. Et cela fait plus de 10 ans qu'on invite des délégations algériennes au salon. On est intervenu dans des salons à Alger pour savoir comment aider au niveau de la production et toute la logistique qui va après, comme le froid et comment organiser les marchés parce qu'il ne suffit pas de produire uniquement. Malheureusement, cela n'a pas continué. Les Algériens n'ont pas à copier le modèle français, mais à se prendre en charge eux-mêmes. Je leur ai dit : mettez en place des unités interprofessionnelles de la production, puis celle de la distribution, mais cela n'a pas abouti. C'est dommage. Par contre, on a pu développer un certain nombre de partenariats avec le Maroc depuis 10 ans, et là on me sollicite pour intervenir sur la question du savoir-faire sur les marchés internationaux puisque le Maroc veut exporter. C'est quoi un produit bio pour vous ? Il y a des coins chez vous qui sont bio naturellement. Nous, c'est le contraire. Nous avons été tellement loin dans la manière de produire qu'aujourd'hui pour faire du bio il faut faire marche arrière et intégrer des façons naturelles de cultiver. Mais le bio, ce n'est pas 100% naturel, mais des méthodes adaptées avec des coûts.