Bientôt, les Algériens détenteurs de capitaux ne seront plus obligés de justifier l'origine des fonds qu'ils souhaitent déposer à la banque. «Le gouvernement s'apprête à décréter une loi permettant aux détenteurs de capitaux de déposer leur argent dans les banques sans qu'ils ne soient obligés de justifier l'origine de leurs fonds.» C'est ce qu'a déclaré, il y a quelques jours, le gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Loukal. Entre manque de liquidité, besoin de remplir les caisses ou encore la possibilité d'ouvrir une porte au blanchiment d'argent, cette décision fait beaucoup de bruit. Pour l'expert financier Souhil Meddah, on peut considérer cette instruction comme un acte d'attirance commerciale s'inscrivant dans le même ordre de cheminement des précédentes démarches. Il s'agirait donc «d'une autre phase d'ajustement et de ciblage, visant à donner un coup de pouce à la politique de l'inclusion financière». Ajoutant qu'avant cette instruction, il y avait la question de vulgarisation de la finance islamique et de son importance en tant que levier adapté à tous les acteurs, quelle que soit leur sensibilité, pour avancer dans l'objectif d'attirer plus de fonds qui transitent à l'extérieur du système bancaire réglementé. Par ailleurs, Souhil Meddah souligne que cette décision concerne d'abord la capacité de mobilisation des ressources financières sur le circuit bancaire, hors épargne institutionnelle ou privée. Mais aussi «d'un vis-à-vis manquant par rapport aux autres instruments non conventionnels utilisés et qui dans un paradigme restreint compensent et remplacent ces quelques masses monétaires qui ne transitent pas par le circuit financier classique». Et si la mesure peut être bonne sur un plan théologique dans le sens où l'intention initiale est de motiver les acteurs économiques, elle peut aussi être une moins bonne idée sur le plan de marche réel. «On considère que le secteur marchand informel lui même s'alimente à partir des petites masses, et qu'entre temps le plus urgent dans cette histoire c'est de penser d'abord à réguler ces masses considérées comme la première source de la demande en biens et de l'offre en monnaie fiduciaire», explique-t-il. Cependant, de l'avis de l'expert, une telle démarche de facilitation et de simplification ne peut en aucun cas provoquer sur le plan macroéconomique des effets négatifs. Le seul risque probable concerne les mauvaises réactions suite aux mauvaises interprétations en dehors de la sphère légale et institutionnelle.