L'émission monétaire sur un marché obéit à une orientation pyramidale, c'est-à-dire que pour chaque valeur de billet émis, une valeur double doit l'être en billets équivalant à la moitié de la valeur du premier. L'idée est de maîtriser la masse monétaire (M1) qui est composée à la fois de la monnaie fiduciaire (billets de banque) et de la monnaie divisionnaire (pièces de monnaie). Mais dans la pratique, la masse monétaire, notamment la petite monnaie, est quelquefois absorbée de manière aléatoire et exponentielle conséquemment à un changement de lois, à la hausse des revenus. Elle peut l'être également en périodes de grandes consommations. Souhil Meddah, expert en finance, tente de sérier les causes à l'origine du manque de monnaie. En l'état actuel des choses, relève-t-il, il en existe quatre : la première est liée directement aux effets produits par la hausse des prix à la consommation. Car, explique-t-il, une augmentation de 2% à 20% peut générer des surplus en flux de monnaies divisionnaires. Il y a ensuite l'émergence de nouveaux types de produits ou de nouvelles activités faisant appel à plus de liquidités de petites valeurs. Tickets de métro, distributeurs automatiques de produits divers (boissons, cafés et autres...), par exemple, absorbent une bonne partie de la monnaie divisionnaire. Celle-ci sera ensuite affectée vers une valeur scripturale bancaire. La troisième cause probable est relative à la dévaluation du dinar. Cela pousse les ménages à faire des retraits en sommes arrondies, laissant ainsi l'équivalent des valeurs divisionnaires noyées dans la monnaie scripturale sur leurs propres comptes, espérant ainsi récupérer les valeurs divisionnaires en aval, sur le marché réel, au lieu de le faire en amont à partir des banques primaires elles-mêmes émettrices de ces unités, ce qui fait que le circuit des flux monétaires est de facto inversé entre les agents émetteurs et les agents utilisateurs. La dernière cause mise en avant par l'expert se rapporte à des pratiques de thésaurisation de petite échelle. Il s'agit de ménages qui conservent chez eux, dans de petites tirelires, etc, des unités divisionnaires (pièces de monnaie) sans les utiliser, ce qui se traduit par la création d'une épargne en monnaie corporelle cachée et non utilisée. Y. S.