Les autorités tardent à réagir devant le fléau du défrichement illicite affectant le patrimoine forestier. Le défrichement illicite des forêts pose un sérieux problème dans la wilaya de Bouira. Entre les deux communes d'Ahnif et Ath Mansour à l'est de la wilaya, des individus ont accaparé plusieurs parcelles relevant du domaine forestier dans le but de les exploiter illégalement. «Ces individus viennent en été et mettent le feu sur des parcelles des petites forêts. Vers la fin de l'hiver, ils reviennent pour planter des oliviers et autres arbres. Le plus étonnant, c'est que ces terrains défrichés sont ensuite mis à la vente», dénoncent les membres du comité citoyen de Tamzyavt, une localité relevant de la commune d'Ahnif. Une pétition a été adressée par ledit comité au conservateur des forêts de la wilaya de Bouira, ainsi qu'aux différents responsables des pouvoirs publics pour dénoncer cet état de fait. «Nous avons informé les responsables de la circonscription des forêts de la daïra de M'Chedallah de ces agression répétitives. Ils nous ont répondu qu'ils avaient émis des procès verbaux aux contrevenants», lit-on dans le document. Dans les bois de la commune d'Ath Mansour, la situation a failli dégénérer l'année écoulée. A Bechloul, à 20 km à l'est du chef-lieu de la wilaya, les forêts sont dévastées. «Les défricheurs utilisent un autre procédé. Ils rasent la forêt de l'intérieur pour que personne ne puisse les apercevoir. Il y a même ceux qui cultivent les superficies défrichées», alertent des habitants de Bechloul. Dans la commune de M'Chedallah, toujours à l'est de la wilaya, de vastes terrains au pied du Djurdjura ont été complètement rasées depuis 2 années durant les travaux d'extraction du tuf pour servir au projet de la pénétrante autoroutière de Béjaïa. Malheureusement, aucun reboisement de la région n'a été effectué. Contacté à ce sujet, le conservateur des forêts dira : «Il y a des voies légales pour exploiter les forêts à travers des concessions des périmètres par autorisation d'usage. Malheureusement, l'adhésion à ce procédé demeure minime, sachant qu'un contrevenant est exclu de fait de bénéficier de ces terres». Pour lutter efficacement contre les atteintes aux forêts, la conservation de Bouira a réadapté sa stratégie. «Depuis 2011, le défrichement illicite a pris de l'ampleur. Exposés directement aux conflits tribaux, les gardes forestiers font face à l'agressivité et les intimidations récurrentes et des menaces. Nous avons confectionné un plan d'intervention pour cerner ce problème, notamment avec des sorties lors des week-ends», explique notre interlocuteur. Concernant le reboisement des carrières de tuf, le conservateur dira que le problème relève des deux directions de l'Industrie et des mines et celle de l'Environnement, car la Conservation des forêts n'a qu'un droit de regard.