Le sommet extraordinaire de l'Union africaine (UA), prévu le 21 mars à Kigali, devra adopter le lancement officiel de la Zone de libre-échange continentale (ZLEC) impliquant de profonds engagements en matière de libéralisation des échanges commerciaux entre 54 pays du continent. Cette zone comprend officiellement le marché commun de l'Afrique orientale et australe (Comesa), la communauté d'Afrique de l'Est (CAE) et la communauté de développement d'Afrique australe (SADC), avec la communauté économique des Etats de l'Afrique centrale (CEEAC), la communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao), l'union du Maghreb arabe et la communauté des Etats sahélo-sahariens. L'objectif recherché à travers la création de cette zone consiste, notamment, à promouvoir les échanges interrégionaux et accélérer l'intégration du marché africain. L'Algérie étant concernée par cet espace va adhérer pleinement à cet accord mais son approche est «beaucoup plus politique qu'économique», comme le souligne Ali Bey Nasri, président de l'Association nationale des exportateurs algériens (Anexal). Pour lui, la création d'une zone de libre-échange en Afrique est en soi une bonne chose. Cependant, concernant l'Algérie, à l'heure actuelle, «toute ouverture nous est préjudiciable», en ce sens que les opérateurs économique algériens exportent très peu, par rapport à d'autres pays, tel que le Maroc, qui se sont imposés avec leurs produits, leurs financements et leurs logistiques. Selon le président de l'Anexal, les pouvoirs publics doivent avoir une approche claire en matière d'ouverture sur les autres marchés régionaux, notamment l'Afrique, où des «poids lourds» se sont regroupés en organisation régionale dominant les plus importants marchés africains. Toutefois, souligne Ali Bey Nasri, «l'Algérie est en mesure de tripler, voire quadrupler, ses exportations vers les pays africains en un an si les mesures d'accompagnement sont mises en place». Et de préciser que «l'Algérie n'avait signé aucune convention dans le cadre de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), regroupant le Sénégal, le Mali, le Niger, la Côte d'Ivoire, le Burkina Faso, le Togo, le Bénin et la Gambie, alors que la coopération avec cette communauté facilitera l'entrée des produits algériens dans ces pays». L'initiative d'une zone de libre-échange africaine est ainsi intéressante mais sa mise en œuvre demeure problématique pour l'Algérie, un pays mono-exportateur d'énergie essentiellement. Selon certains experts, l'adhésion de l'Algérie à la Zlec risque de rééditer l'échec que fut la Zone arabe de libre-échange (Zale) qui a eu des retombées économiques néfastes sur l'Algérie, en raison du nombre insuffisant d'entreprises fortes, compétitives et capables d'exporter. «L'entreprise algérienne n'a pas été suffisamment protégée au moment de l'ouverture du marché et était donc incapable de faire face à la concurrence», notent des observateurs, qui affirment qu'en l'absence de pré-acquis en matière de logistique et de transport vers les pays de l'Afrique, toute tentative de pénétration des marchés africains sera difficile, voire périlleuse pour les entreprises algériennes.