Forte solidarité du corps médical et inaction du gouvernement. Le sit-in national, organisé à l'appel du Collectif autonome des internes en médecine algériens (Caima), a été largement suivi, avec le soutien des résidents et des spécialistes. Un dispositif sécuritaire habituel, déployé aux abords de l'hôpital et dans les ruelles attenantes à la place du 1er Mai, empêchait les manifestants de sortir de l'enceinte hospitalière. «Le statut de l'interne est indéfini, Mettre à jour le statut», «Internes en colère, les menaces, on n'en a rien à faire», «Assistants solidaires avec les résidents, Santé en détresse», «Ministre out» sont autant de slogans brandis par les centaines de médecins rassemblés en face du portail principal de l'hôpital pour «faire entendre la voix du corps médical». «En réprimant, le 19 mars, les résidents devant la faculté Ziania (Ben Aknoun), les pouvoirs publics, plus particulièrement, le ministre de la Santé, ne savaient pas qu'ils renforçaient la solidarité de tout le corps médical», constate Slimane, jeune interne, qui campe avec son affichette rouge au pied des escaliers de l'imposant immeuble du CPMC. «Les internes savent qu'ils souffriront comme les résidents. C'est une même cause», signale Khaled, qui reprend les slogans répétés à tue-tête par la foule qui obstrue l'entrée du CHU. Les internes rejoignent le mouvement lancé depuis cinq mois par leurs camarades résidents. Dans un communiqué rendu public, le 20 mars, le Caima annonce le début du boycott du stage interne, et ce, jusqu'à satisfaction de leurs revendications légitimes. Gouvernement aphone ! Le collectif a dénoncé la situation précaire que vit l'interne et les conditions d'activités «désastreuses», notamment l'insécurité (risque d'agression lors des gardes). Les internes exigent l'application des lois relatives au statut de l'interne (assurance à la charge de l'hôpital, suppression des évacuations à la charge de l'interne). Ils revendiquent la révision de la rémunération de l'interne pour les services rendus et les gardes effectuées, ainsi que l'amélioration des conditions d'exercice des gardes et notamment la sécurité au niveau des box des urgences. A côté des internes, les médecins spécialistes, réunis dans un autre collectif autonome, le Camsa, ont lancé, à compter d'hier, une grève cyclique de deux jours à travers les établissements de santé. «Le suivi est important», se réjouit un spécialiste, tenant à garder l'anonymat pour éviter les représailles de sa hiérarchie. En grève depuis plus de quatre mois, les médecins résidents poursuivent le boycott de la deuxième session du DEMS. «La plus belle action est celle pour la dignité de la médecine algérienne. Les résidents en DEMS chimie thérapeutique ont boycotté leur examen, en solidarité au corps médical uni. Pour rappel, ces derniers sont non concernés par le service civil et combattent au sein du Camra pour des revendications pour leur avenir, mais surtout pour la dignité de la médecine algérienne. Un bel exemple de maturité, bravo à eux !» s'enorgueillit le Camra sur sa page Facebook officielle. Que font les tutelles des médecins ? Le ministère de la Santé s'est contenté de rendre public, hier, un ancien document contenant les propositions du comité intersectoriel, qui n'a pas réuni les médecins depuis près de deux mois. Le ministre, le Pr Hasbellaoui, qui a parlé d'une «stratégie» lors d'une courte intervention à l'APN, ne convainc pas. «Ce message est destiné aux journalistes», estime le Dr Mohamed Taileb, porte-parole du collectif des résidents, contacté par El Watan (voir entretien). Les médecins résidents en sciences médicales, qui ont adressé, lundi, une lettre à leur ministre de tutelle, comptent interpeller le président Bouteflika. «Le courrier est en préparation», signale Taileb. Devant l'inaction du gouvernement, les grévistes annoncent l'organisation d'une démonstration publique «début avril».