Alors que les médecins généralistes ont rejoint le mouvement revendicatif des médecins résidents, le boycott des examens du DEMS se poursuit et sera mené jusqu'à la fin des épreuves, prévue vers le 19 avril prochain. Hier samedi, l'examen de chirurgie orthopédique et traumatologie, le second examen inscrit dans le planning du DEMS, prévu du 24 au 27 mars prochain, a été boycotté à 100%, a affirmé un membre du collectif autonome des médecins résidents algériens (Camra). Le Dr Hamlaoui a précisé au «Quotidien d'Oran» qu'«aujourd'hui, les chirurgiens orthopédistes ont boycotté à 100% l'examen de DEMS», ajoutant que «c'est une spécialité très importante». «Le boycott, a-t-il dit, a été largement soutenu par les autres résidents, venus en masse pour les soutenir, et cette fois-ci, il n'y a pas eu d'intervention de la police. Cela s'est passé dans le calme''. La semaine dernière, des violences policières et des arrestations de membres du Camra avaient marqué le début des examens du DEMS avec la spécialité d'ophtalmologie. 'Cette spécialité, traumatologie et chirurgie orthopédique, a été proposée dans la liste des spécialités à soustraire au service civil proposée par le ministère de la Santé, mais pour nous, toutes les spécialités se valent, on ne fait pas de différence entre telle ou telle spécialité'', précise encore M. Hamlaoui, qui a fait état d'un statuquo quant à la situation dans les CHU, avec une activité hospitalière au ralenti entre 8 heures et 16 heures. L'examen de traumatologie et chirurgie orthopédique concernait 120 étudiants, a indiqué par ailleurs le Dr Boutaleb, porte-parole du Camra à la presse. 'Tous se sont présentés à la faculté sans entrer dans les salles d'examen'', a-t-il dit, et 'plusieurs résidents non concernés par l'examen étaient sur place pour soutenir leurs collègues boycotteurs et ont pu entrer dans la faculté sans être inquiétés par la police, contrairement à ce qui s'est passé lors de l'examen précédent''. Tout comme le Dr Hamlaoui, le porte-parole du Camra a confirmé que le 'boycott a été total et s'est déroulé dans le calme et sans pression de l'administration''. Dans un communiqué rendu public hier samedi, le Camra a expliqué après ce boycott que 'nous, candidats à l'examen final de spécialité, venons réaffirmer une fois de plus notre engagement indéfectible au sein du mouvement des médecins résidents à faire aboutir nos revendications dans le seul souci de promouvoir un système de santé plus efficient et plus égalitaire sur tout le territoire national et dans le strict respect de la dignité et du droit du praticien de la Santé''. Le Collectif a également dénoncé 'l'autoritarisme, la médiocrité, la démagogie'' et les 'campagnes de diabolisation, qui ont voulu faire de nous, soignants, les boucs émissaires de toutes les défaillances systémiques et de toutes les incompétences de gestion''. Les 'conditions de formations nivelées vers le bas, le traitement inique que l'on impose aux seuls médecins vis-à-vis de l'exemption du service militaire (...), les modalités du service civil dont l'échec alarmant est patent et reconnu par tous'', ont également été dénoncés par le Camra. Celui-ci a en outre dénoncé les violences policières de la semaine dernière qui avaient marqué le boycott de l'examen d'ophtalmologie, prévu initialement au CHU de Bab El Oued et déplacé par le ministère de l'Enseignement supérieur à la faculté de médecine de Ben Aknoun, et s'est interrogé sur la menace qui pèse sur le système de santé public, avant de stigmatiser la violence policière : «Comment ne le serait-il pas lorsque la faculté de médecine est encerclée par une division entière de policiers équipés au combat et que des centaines d'entre nous sont «raflés», malmenés, violentés et conduits dans l'illégalité vers des destinations inconnues sans qu'aucun procès-verbal d'interpellation ou de détention ne soit établi''. Le Collectif a dans la foulée stigmatisé 'le refus insultant des autorités à engager la moindre discussion avec nos représentants'', et réaffirmé sa décision de 'boycotter l'examen du DEMS''. Sur le terrain, les médecins résidents assurent toujours la garde et le service entre 16-8h du matin et n'assurent plus l'activité hospitalière entre 8 heures du matin et 16 heures comme action de protestation contre la non-satisfaction de leurs revendications et les campagnes de pression de l'administration et des pouvoirs publics. 'Les hôpitaux fonctionnent au ralenti, et ils veulent camoufler cela'', souligne par ailleurs le Dr Hamlaoui, qui a annoncé que le mouvement revendicatif du Camra 'a été rejoint en fin de semaine par le Collectif autonome des médecins généralistes algériens (Camga)''. 'C'est un soutien important pour la corporation'', a-t-il dit, rappelant qu'il y aura une grève cyclique qui sera déclenchée à partir de mardi prochain par les médecins spécialistes, alors que les 'internes'' devraient entamer leur grève ce dimanche à travers le territoire national. Les médecins spécialistes (Camsa, Collectif autonome des médecins spécialistes algériens) et les 'internes'' avaient annoncé la semaine dernière leur ralliement au mouvement de protestation du Camra. Dans un précédent communiqué transmis à notre rédaction, le Camsa avait annoncé le dépôt d'un préavis de grève nationale cyclique de deux jours à partir du 27 mars prochain pour notamment protester contre le traitement réservé par la police aux médecins résidents. Le Collectif des médecins spécialistes a également appelé à 'une amélioration urgente des conditions de travail et de sécurité au sein de l'hôpital''. Quant aux médecins internes, soumis aux pires tâches dans les hôpitaux, ils ont également décidé de boycotter le stage interne qui devait débuter le 20 mars à l'appui de revendications sociales et professionnelles. Le Collectif autonome des internes en médecine algériens (Caima) revendique notamment 'la révision de la rémunération'', 'l'amélioration des conditions d'exercice des gardes'' dont la sécurité et 'l'application des lois relatives au statut de l'interne''. Le Collectif dénonce notamment 'la charge de travail considérable qu'il endosse en effectuant parfois des tâches qui ne relèvent pas de ses devoirs''. Plus que jamais, la situation dans le secteur de la santé devient explosive, avec des hôpitaux qui ne fonctionnent presque plus, même les urgences étant assurées au compte-goutte, selon des témoignages, alors que l'immobilisme et l'attentisme du ministère inquiètent.