Décidément, rien ne semble en mesure d'entamer la détermination des médecins résidents civils à aller au bout de leur mouvement, à savoir abroger le service civil, ou du moins son caractère obligatoire. Et ce, quitte à aller vers une année blanche qui se profile déjà à travers le boycott, depuis le lancement, le 18 mars, de la session d'examens de fin de cycle, de toutes les épreuves du diplôme d'études médicales spécialisées (DEMS). En effet, après le boycott des examens des spécialités ORL et orthopédie-traumatologie programmés à la faculté de médecine Ziania de Ben Aknoun (Alger), hier c'était au tour des examens de cardiologie, programmés à l'université de Blida, d'être boycottés par l'ensemble des résidents civils, les militaires et les étrangers n'ayant pas les coudées franches pour suivre le mouvement de contestation initié, depuis la mi-novembre 2017, par le Collectif autonome des médecins résidents algériens (Camra). Parallèlement au boycott des examens, le Camra poursuit sa grève à travers l'ensemble des hôpitaux publics par l'observation d'un arrêt de travail quotidien de 8h à 16h, alors que les gardes de nuit sont assurées de façon régulière. Le Camra dont le mouvement dure depuis cinq mois, ne jure que par la satisfaction de ses revendications, notamment l'abrogation du caractère obligatoire du service civil, la dotation des différents services spécialisés de plateaux techniques adéquats et l'exemption des médecins résidents âgés de 30 et plus du service national, au même titre que l'ensemble des jeunes algériens. Le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique accusant certains résidents, allusion aux membres du Camra, d'empêcher leurs confrères de passer les examens, les résidents, candidats au DEMS d'orthopédie-traumatologie, ont tenu à réagir vigoureusement à ces accusations qu'ils qualifient de "diffamatoires". Pour ces résidents qui confirment leur "soutien indéfectible" au Camra, le boycott des examens exprime leur "lutte contre les archaïsmes de l'oukase administratif et de la férule pédagogique, les modes de gestion sclérosés et les coercitions institutionnelles d'un temps, désormais, révolu". Et les mêmes résidents de préciser : "Nous ne pouvons, sous aucun prétexte, cautionner des actes de violence ou d'intimidation et encore moins nous en rendre coupables, qui plus est envers nos camarades, nos amis, nos frères de peine et de lutte." Qu'en est-il de leur position par rapport à la sortie du président du Syndicat national des praticiens spécialistes de santé publique (SPNSSP), Youcef Yousfi, qui, lui, est allé jusqu'à leur dénier le droit de négocier avec le ministère de la Santé la question du service civil ? Contactés hier, des membres du Camra préfèrent, à présent, accorder à M. Yousfi le bénéfice du doute en espérant avoir compris qu'il s'adresserait plutôt au Collectif autonome des médecins spécialistes (Camsa). Ce syndicat naissant, non encore agréé, qu'il appréhende éventuellement de lui ravir "la vedette". Farid Abdeladim