Le premier classement algérien des établissements d'enseignement supérieur opéré par Yahia M. Boukhencha, consultant spécialisé en leadership et management du capital humain, publié dans la précédente édition d'El Watan étudiant a eu de nombreuses réactions favorables. Ainsi, au-delà du travail effectué, des critères sélectionnés et de l'exhaustivité de l'étude, l'idée même d'une évaluation régulière et d'un classement national des universités algériennes est d'une importance capitale pour créer cette dynamique de compétition indispensable à toute démarche vers la qualité. Montrées du doigt, dénigrées et rapetissées par leurs positions dans les grands classements internationaux, il est temps que les universités algériennes lancent leur propre «championnat» interne avec des critères d'évaluation propres à leur degré d'évolution du moment, au lieu de pester contre la «sincérité» et l'équité des évaluateurs universels. La mondialisation galopante est un argument insuffisant pour empêcher les structures locales d'évoluer en fonction des données de leur environnement immédiat. L'originalité du classement initié par le cabinet Next Generation Leadership réside aussi dans le choix des critères d'évaluation (les aspects environnementaux et relationnels) dans les établissements visités, ce qui répond aux préoccupations élémentaires des universitaires algériens, les critères relatifs à l'aspect académique étant la consécration du bien-être et de la convivialité nécessaires pour tout milieu productif. Ainsi, il est plus que temps pour les pouvoirs publics et tous ceux qui se préoccupent du devenir de nos universités d'instituer ce genre de classements en mettant en place une structure dotée de moyens financiers et humains afin de garantir l'exhaustivité, le sérieux et la régularité de ce type d'études. «Le monde ne vous donnera jamais que la valeur que vous vous donnez vous-même», écrivait Joseph Murphy, spécialiste irlandais des religions (1898-1981). L'instauration d'un tel classement pourrait ainsi créer l'émulsion nécessaire et la compétition saine entre les établissements universitaires valorisant ainsi celles qui font réellement des efforts dans l'innovation et la créativité, les tirant du marasme et de l'indifférence générale et généralisée. Ce genre de procédé donnerait donc un souffle nouveau, en attendant de mettre sur la table le dossier épineux d'une réforme profonde du secteur qui commencerait d'abord par une définition claire et cohérente du rôle de l'université. Un jour, il faudra trancher et choisir l'une des trois options pour ce secteur : dispense du savoir, formation pour le secteur économique ou dispense de diplômes…