Cette septième édition, qui s'est déroulée en une journée, a été marquée par un riche programme entrecoupé par le partage du couscous de circonstance «seksu uderyis». Le festival Aderyis, qu'organise annuellement, dans la commune de Tifra, l'association Ithri Ibouraïne, a célébré, la semaine dernière, en grande foule, sa 7e édition. Tenue en hommage au chanteur Atmani, qui aligne cette année ses cinquante ans de carrière artistique, la présente édition s'est vu tronquée d'une partie de son programme initial, en raison des caprices de la météo. Devant initialement s'étaler sur deux journées (les 23 et 24 mars), cette fête s'est finalement déroulée en une seule journée, en élaguant de son menu diverses activités, pourtant très attendues par les festivaliers. «C'est un défi. Nous ne pouvons ni annuler ni ajourner notre fête. Comme nous savions d'après les prévisions météo que durant la journée du vendredi 23 mars, il devait faire beau, nous avons opté pour cette solution : tenir l'essentiel du programme durant une seule journée», nous déclare, à ce sujet, Mourad Touak, président de l'association. Abritée par le centre culturel Hami Arezki et l'école primaire Assam, cette fête, soutenue par l'APW, la DJS et la direction de la culture de Béjaïa, a attiré un nombreux public venu de divers horizons, en dépit des déprogrammations effectuées. Scindé en deux parties, entrecoupé par une pause-déjeuner, où l'assistance a partagé, dans une ambiance familiale, le couscous de circonstance «seksu uderyis», le programme des festivités s'est ouvert par la prestation remarquée de la chorale Inasliyen de Mâala et s'est clôturé sur le spectacle offert par Hacene Ahrès, qui a usé, à l'occasion, de tous les ingrédients pour faire de son passage un moment électrisant et communicatif. La première partie du programme, réalisée en matinée, a été consacrée notamment à la poésie déclamée par Mouloud Azoug, Lilia Saâdi, Amar Tihayen et Ghout Djillali, à la danse traditionnelle exécutée par la troupe Ikhoulaf de Bouira et aux témoignages de nombreux amis et compagnons de Atmani sur son parcours artistique. Dans le cadre des échanges culturels, un groupe de visiteurs venu de la wilaya de Tlemcen a aussi pris part aux festivités de la matinée. Ambiance et respect Dans les témoignages recueillis à cette occasion, l'on n'a pas tari d'éloges sur Atmani, considéré par tous comme l'un des promoteurs de la chanson kabyle à texte. Dans leurs déclarations, en aparté, à El Watan, des artistes et des personnalités publiques, tout en rendant hommage à l'association organisatrice de l'événement, ont brossé un portrait fort éloquent du chanteur. «C'est un artiste de talent et un homme au grand cœur. J'en étais fan dès ma jeunesse. C'est pour moi un devoir d'être ici pour participer à cet hommage», nous dit le chanteur Hacène Ahrès. «En plus d'être un ami, Atmani est un chanteur qui a marqué de son empreinte la chanson kabyle. Il fait partie des premiers grands chanteurs post-indépendance. Lui rendre hommage de son vivant est quelque chose de méritoire», déclare de son côté Ouahab Aït Menguellet, P/APC de Tizi-Ouzou. «Atmani a apporté sa pierre à l'édifice de la chanson kabyle. Il est d'une grande richesse musicale et textuelle», atteste, pour sa part, M'Henni Haddadou, P/APW de Béjaïa. Après le déjeuner de partage, à partir de quatorze heures, un concert en plein air, auquel ont participé de nombreux artistes (Hacène Ahrès, Boualem Boukacem, Kaci Boussad, Akli Ait Boumehdi, Idir Akfadou, Ouazib Mohand Ameziane, Moh Chemoun, Naïma Ramdani, Taleb Tahar, Ahmed Lahlou…) a rallié dans la vaste cour de l'école Assam une foule compacte composée d'hommes, de femmes et d'enfants de tous les âges. Les artistes qui se sont relayés sur scène ont interprété respectivement deux à trois chansons, ponctuées parfois de témoignages sur l'œuvre du chanteur honoré. Atmani, tout ému, a chanté lui aussi sa toute dernière chanson, Ay aqvayli, accompagné par un bon nombre des artistes présents. En plus des divers témoignages de respect qu'il a reçus de ses pairs, Atmani s'est vu offrir, à cette occasion, un burnous et un tableau de remerciement pour son apport à la chanson kabyle. L'ambiance était au rendez-vous. La seule fausse note, qui a suscité quelques commentaires désobligeants, est l'absence remarquée du P/APC de Tifra, qui, selon les organisateurs, a pourtant été invité, ainsi que l'ensemble des élus de la commune. En tout cas, devant le succès de ce festival, des voix s'élèvent déjà pour demander l'organisation de la 8e édition au chef-lieu de wilaya.