Moundjia Abdeltif est présente avec 20 œuvres donnant un aperçu du processus de son évolution artistique. Sa réflexion conceptuelle et esthétique est présentée dans un style mosaïqué où le trait se veut extrêmement technique avec un rigorisme graphique, parfois, qui nous édifie sur sa propension architecturale. Le brassage des couleurs n'est pas fortuit, sinon il vise à mettre en évidence une conception des décors urbanistiques qui caractérisent notre patrimoine urbain à travers différentes régions du pays. Décliné dans la technique de la gouache, l'artiste taquine un autre thème dont l'idée sous-tend une interrogation ayant trait au principe du dialogue. Autrement dit, « pour quel dialogue doit-on opter ? », lit-on en filigrane à travers une de ses toiles intitulée La face cachée. L'artiste décline aussi des ensembles architecturaux du Sud. Sa fille, Meriem Benchaâbane, expose des acryliques sur toile ainsi que des techniques mixtes (colle, jute et enduit) pour conférer un certain relief à ses créations. La plasticienne, qui reste obnubilée par les effets qu'une toile peut faire émerger, cherche à mettre en évidence son propre style pictural. La matière qu'elle malaxe donne une apparence de craquelures, des toiles chargées de lézardes. « Il n'y a pas de limites dans une œuvre dans la mesure où chaque toile est une esquisse pour une autre », nous dit la jeune plasticienne qui gagne au fil des expositions en maturité plastique. L'expérience picturale de Meriem semble d'abord suggérer la question suivante : l'élaboration d'une peinture personnelle n'admet-elle pas a priori un inusable effort de tout essayer, à travers un apprentissage des styles que son talent ne cesse de taquiner ? Il en est de même pour sa sœur Majda, ce blé qui lève. Pour un premier coup d'essai, elle a réussi à faire éclater sa palette, à travers des huiles dont les tons chromatiques forcent le regard à une longue halte. La jeune récipiendaire jette son dévolu à travers une expression picturale, celle-là même qui reste emplie de résonance musicale en perpétuel mouvement ; son for intérieur nous édifie sur un état d'âme calme, mais non moins trépidant, telle son œuvre Regret que résume l'agitation d'une flamme, une composition à la fois reposante et tourmentée, empreinte d'un étonnant mélange de raffinement et de violence. Une collection qui vaut le détour dans cet espace pour découvrir ce « triangle de femmes » complice dans l'ardeur de peindre, mais chacune d'elles révèle la volonté tenace de proposer au visiteur une lecture différente.