Couleurs n «Palette triangulaire» présente un point commun entre les artistes : tous adhèrent à l'art moderne. Trois artistes, donc trois palettes, voire trois pinceaux, le tout formant un triangle ; un espace (pictural) triangulaire où viennent se manifester trois imaginaires, une démonstration d'idées, d'émotivité, d'impressions et de goût prononcé pour les formes et les couleurs, un univers onirique même s'il est emprunté à une existence matérielle. «Palette triangulaire» est l'intitulé de l'exposition de trois artistes (Moundjia Abdeltif, Majda et Mériem Bouchaâban) qui, éclectique, se tient à la galerie Samsom (en contrebas de l'hôtel El-Aurassi). Le point commun entre ces trois peintures, leur appartenance à l'art moderne ; loin d'une expression classique, voire plutôt d'une démonstration conforme à un réalisme optique, le travail de chacune se révèle, de par notamment sa composition, actuel et novateur dans la manière dont il est mené. Moundjia Abdeltif s'inspire certes du monde extérieur, c'est-à-dire elle représente ce que l'œil perçoit comme objet, contenu et composition de l'espace, ou encore comme personnage, mais ses décors (paysages urbains ou naturels) et ses protagonistes (hommes et femmes) sont reproduits autrement, c'est-à-dire il y a transfiguration en couleurs du réalisme. Ce sont bien les couleurs – voire la manière dont elles sont utilisées pour donner le ton à chacune des représentations – qui confèrent au tableau sa particularité esthétique et son affiliation au langage moderne. Pour sa part, Majda Bouchaâban se consacre à un univers régi par cette passion pour la musique. Son monde, à la lisière de l'abstrait, représente des protagonistes aux allures morphologiques d'une singularité débridée, qui heurte le sens commun, puisque l'artiste cherche à en augmenter le pouvoir expressif, à attirer l'attention du regard, à susciter sa curiosité : on y voit des individus, des corps de femmes qui se mêlent démesurément à ceux des instruments de musiques (violoncelle, guitare…) pour en former une seule anatomie, une morphologie hybride venant démontrer le rapport du corps de la femme à la musique. Pour Mériem Bouchaâban, il est question d'une existence abstraite ; elle puise, et c'est ce dont témoignent ses tableaux, dans le subconscient, le sien, comme éléments (souvenirs, rêves et impressions) et s'y investit pour dire la peinture, l'art. Ses tableaux sont la représentation d'un espace d'abord vide, puis, et peu à peu, il prend une matérialité avec des couleurs comme le vert, le rouge, le bleu, le jaune… Des couleurs abondamment étalées sur la surface, créant ainsi une spatialité picturale relevant d'une rêverie au féminin.