Comme pour faire suite au dernier discours qu'il avait tenu lors de la Journée internationale de l'environnement en juin dernier, Abdelaziz Bouteflika a d'emblée encouragé les participants à adopter une « charte mondiale des déserts et de la lutte contre la désertification ». Seule alternative, semble-t-il, pouvant sceller un accord entre les différentes parties concernées pour lutter ensemble en direction des peuples des déserts. L'enjeu est double et les intérêts convergents. Le président n'hésitera, d'ailleurs, pas à rappeler devant une assemblée hétéroclite et d'horizons divers que la désertification, ou plus précisément la déforestation, est initialement du fait des pays colonisateurs. Nous avons été confrontés dès notre indépendance à une situation inquiétante de dégradation des sols, induite par la déforestation à grande échelle par les forces militaires coloniales, l'érosion et la désertification de surfaces importantes à haut potentiel agricole », précise-t-il, dès le début de son allocution. En ce sens ou tout au moins symboliquement, devraient-ils lutter main dans la main avec les pays africains pour empêcher le désert d'avancer, pourrait-on supputer. En effet, la désertification est l'action par laquelle les zones arides gagnent du terrain par l'exploitation excessive de terres. Ces terres sont détournées au profit d'une agriculture intempestive et agressive. Car les populations locales rencontrent des difficultés à s'alimenter ou à vivre de la vente de leurs denrées. Mais les terres sont épuisées et, très souvent, elles ne donnent plus la rente attendue. C'est ce qui pousse les populations à défricher encore davantage. La désertification produit la pauvreté et celle-ci engendre ainsi à son tour un nouveau phénomène de désertification. Le mécanisme est connu et dénoncé à chaque rendez-vous international par les experts et les scientifiques. Mais si le symbole ne suffit pas « aux pays riches », comme aime à le soutenir le Président algérien, pour réagir, peut-être, est-il utile de souligner une autre alternative laissée à ces populations : émigrer. Expression extrêmement mobilisatrice au sein de l'Union européenne. Abdelaziz Bouteflika établira un bilan mitigé des dispositifs mis en place par l'Algérie dans le domaine de la lutte contre la désertification. « Nous avons mis en place dès les années 1960 les premiers chantiers populaires et surtout le projet de grande envergure qu'est le barrage vert concernant un superficie de 3 millions d'hectares, mais qui n'a enregistré que des résultats partiels », constate le Président. Il revendiquera cependant « la politique cohérente » du plan national de développement agricole qui s'est retrouvé avec un petit frère appelé plan national de reforestation, mais qui concerne les plantations fruitières. Côté arsenal juridique, l'Algérie est armée puisqu'elle a adopté en 1994 et ratifié en 1995 la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification et qu'elle dispose depuis 2003 d'un plan d'action national contre la désertification. Sous les regards attentifs de Hans Van Genkel, recteur à l'université des Nations unies à sa droite, et de Chérif Rahmani, ministre de l'Aménagement du territoire et porte-parole honoraire de l'ONU pour la lutte contre la désertification à sa gauche, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, n'a pas manqué d'encourager le continent africain à poursuivre les efforts nécessaires en vue de renverser la tendance qui veut qu'il s'agit du continent le plus touché, mais également le moins développé. « Ceci ne doit pas être considéré comme une fatalité ou une malédiction, c'est le résultat de faits historiques douloureux et d'expériences de développement et de gouvernance post-indépendance inaboutis », commente le Président. Il préconise donc « une mobilisation réelle et une solidarité effective » pour « un développement harmonieux, réel, durable et global pour l'épanouissement de tous les enfants ». Pour que ces derniers n'aient pas l'occasion de pester contre notre propre gouvernance.