Les firmes pétrolières sont appelées à contribuer dans le développement des déserts. Comment rendre aux peuples des déserts ce qu'il leur appartient de droit? Autrement dit, comment faire profiter les habitants de cette région des richesses naturelles que recèle cette terre fertile qui représente 41% de la superficie terrestre mondiale et dans laquelle habitent 2 milliards d'habitants. Une problématique de taille posée par les ministres de l'Environnement et du Tourisme de 39 pays présents au Festival des cultures des peuples des déserts du monde qui s'est ouvert hier, à Dubai, dans la capitale des Emirats arabes unis. Hier matin, les ministres qui se sont rencontrés a l'hôtel Djoumayra Beach ont adopté après un long débat la Charte des déserts du monde, laquelle sera soumise, dans un deuxième temps, à Kofi Annan, secrétaire général de l'Organisation des Nations unie, sachant que le développement de cette région est l'affaire de tout le monde, ou pour paraphraser M.Cherif Rahmani, ministre algérien de l'Environnent, le désert est l'héritage de l'humanité. Concernant la chartre en question, elle a mis en exergue la nécessité de mettre en place un nouveau partenariat pour le développement durable dans le désert. Les peuples des déserts souffrent de la pauvreté alors que les ressources naturelles de la région alimentent l'économie mondiale. C'est le grand paradoxe, atteste le ministre algérien. Pour ce dernier, il est impératif de «rendre à César ce qui appartient à César». Une vision partagée par l'ensemble des participants. Comment concrétiser cet état de fait? Sur cette question, les propositions se sont multipliées. Une sera retenue, celle ayant trait à l'implication des firmes pétrolières dans le développent des déserts; ces sociétés devront consacrer une partie de leurs bénéfices à la protection de cette région, explique le représentant tunisien. Les Etats sont-ils en mesure de faire face aux pressions de ces firmes qui ont une grande influence. A Dubai, les multinationales ont été montrées du doigt. Notamment en ce qui concerne le stockage des déchets d'une manière anarchique au détriment de la région. La charte propose, en outre, une implication des peuples des déserts dans le développent de leurs terres, partant du principe que rien ne sera fait sans la sensibilisation des habitants sur ce point important, lit-on dans le document. Par ailleurs, le problème de la désertification s'est imposé. Les chiffres démontrent que 100 pays souffrent de ce phénomène qui menace 50 % de la superficie terrestre mondiale. Et parce que ce phénomène touche spécialement les pays pauvres, le programme des Nations unies pour l'environnement a décidé de consacrer 16 millions de dollars pour la lutte contre la désertification. C'est ce qu'a annoncé hier, le représentant du Pnud: «Nous défendons la protection de l'héritage géographique et culturel des déserts», précise t-il. «La désertification constitue la première menace qui fragilise l'environnement et menace l'écosystème», dira le représentant de Klaus Topfer directeur du Pnud. Le pillage du patrimoine archéologique des déserts est l'autre volet débattu par les ministres et soulevé par le représentant égyptien. Cherif Rahmani, en sa qualité de président de la fondation Déserts du monde et porte-parole de l'année des déserts et de la désertification prévue en 2006, a précisé que les textes protégeant ce patrimoine existent. Il s'agira, de ce fait, d'être plus rigoureux dans l'application des lois. Dans le même chapitre, le ministre des Emirats arabes unis, Hamad Madfaâ, a développé, dans son intervention, l'opportunité de réaliser une complémentarité qui n'épargne aucun secteur. Le désert a été de tout temps marginalisé, les principaux projets de développement, ajoute t-il, ont profité aux citadins. Il a dans ce sens exposé l'expérience de son pays dans ce domaine. Notons que plusieurs personnalités politiques ont pris part à l'ouverture officielle de ce festival, qui s'est déroulé en début de soirée au village Korba à 40 km de la capitale, notamment le président de la République Abdelaziz Bouteflika, Kofi Annan, Thabo Mbeki, le président sud-africain.