C'est dans une ambiance studieuse que se sont réunis, jeudi dernier, les sympathisants du Mouvement démocratique et social (MDS). Dans ses locaux du Télemly, des banderoles étaient suspendues et des pancartes placardées aux murs annonçant la couleur du rendez-vous : « Pour l'abrogation du code de la famille. » Une trentaine de sympathisants et militants se sont retrouvés autour de ce thème pour dénoncer « les manœuvres du Pouvoir qui consistent à vouloir ménager la chèvre et le chou », annoncera Yasmina Chouaki. Manœuvre de temporisation entre les islamistes et les démocrates, entre les tenants d'une société islamique et les aspirants d'une société laïque. Une sympathisante s'étonne de l'incapacité qu'éprouve le Pouvoir à s'insérer dans une conception claire et transparente de ce qu'ils attendent d'un Etat de droit. « On peut d'ores et déjà parler d'un code de la femme et non plus d'un code de la famille », s'écrie l'une d'elles. « On ne peut parler d'amendements, mais d'aménagement du code de la famille. L'objectif n'est pas d'instaurer des lois en diapason avec les réalités sociales, mais de servir de vitrine aux exigences internationales », s'interloque Nacéra, militante. Une liste de noms de femmes assassinées par les terroristes accueille les invités au débat. Une banderole exhorte : « Cessez de marchander sur le dos des femmes. » Un placard annonce : « Plus de 20 000 femmes auraient été répudiées pour la seule année 2002. » « Le MDS ne s'est jamais tu, il se bat pour l'égalité des femmes », scande-t-on. Les militants en appellent à une mobilisation totale de la société contre ces amendements. On ironise sur les propos tenus par le ministre des Affaires religieuses et on s'interroge sur la mobilisation des femmes des partis islamistes. Derrière cette ambiance bon enfant, les sympathisants tentent de conjurer le mauvais sort. Les quelques photos de jeunes femmes disparues durant les années sombres du terrorisme, collées dans les locaux du parti, laissent comme un arrière-goût. C'est pour ne pas revivre cela qu'elles se sont retrouvées ce jeudi. C'est pour plus d'équité.