Ahmed Ouyahia a tenu un point de presse après sa rencontre avec les militants de son parti. Interpellé sur des questions sociales, politiques et économiques, l'orateur, en adepte des chiffres, ne s'est pas privé d'en asséner à profusion pour faire la démonstration des réalisations engrangées. Cependant, il déplora que le citoyen, le principal bénéficiaire de ce qui s'est concrétisé ou de ce qui est en cours, soit dans l'ignorance. C'est, selon lui, ce qui empêche que la flamme de l'espoir renaisse, notre pays étant en déficit sur ce plan-là. A cet égard, Ouyahia a été relancé pour savoir si ce déficit ne viendrait pas du fait d'une tendance aux interdits qui s'accumulent sur tous les plans ainsi qu'à la bigoterie ambiante qui ont réduit peu à peu le champ des libertés individuelles, une bigoterie à laquelle les politiques et les pouvoirs publics font concession sur concession. Il répondit en avouant son adhésion à cette analyse tout en soutenant : « Il y a des tranches importantes de la population qui souffrent socialement le martyre. Il y a des foyers où les enfants dorment par brigade. Pour ceux-là, l'espoir c'est le logement, le travail. Mais il est vrai que la vie n'est pas faite que d'estomac. La bigoterie, il y en a qui ont fait leur école de pensée. J'en suis très loin. Quant aux récentes descentes de police dans des hôtels sur la côte algéroise, elles relevaient plutôt de la lutte contre l'exploitation de la misère. » Interrogé sur l'attitude de Soltani à avoir un pied au gouvernement et un autre dans l'opposition, Ouyahia a soigneusement évité de le charger, positivant l'Alliance pour être une première expérience de collaboration entre trois partis, « ce qui devrait donner à réfléchir à d'autres pôles. Le pluralisme est une denrée nouvelle en Algérie, nous sommes en train d'apprendre. Cependant, il est vrai que l'espoir doit également être consolidé dans le discours des politiques. Il nous faut en conséquence une classe politique qui ait un minimum de code pour ne pas faire des commentaires d'opposants. Le bruit, c'est facile à faire ». Puis parlant de la compétition politique en général : « Nous sommes tous des camelots. A chacun de nous de convaincre le peuple. Je dis alors, il est temps pour le camp qui se réclame être le camp démocratique, plus démocratique que tout le monde, de mouiller un peu plus le maillot s'il considère qu'il y a des idées aux antipodes de ce qu'il pense. Ce n'est pas en attaquant le pouvoir qu'on stoppera le pouvoir. Si vous ne l'aimez pas, attaquez-le, c'est votre droit. Mais que vendez-vous dans le marché des camelots ? ».