Les prix de l'eau, de l'électricité et du carburant connaîtront des augmentations, si l'on tient compte des déclarations du chef du gouvernement Ahmed Ouyahia lors de son allocution d'ouverture de la 25e session du Conseil national économique et social (CNES). « Les prix de l'eau, de l'électricité et du carburant ne peuvent rester figés indéfiniment », a déclaré en substance le chef de l'Exécutif. Il est à rappeler que la loi de finances pour 2005 prévoit une augmentation du prix du gasoil d'un dinar à partir du 1er janvier prochain. En revanche, Ahmed Ouyahia a exclu une augmentation du prix du pain. La révision des prix du pain est l'une des revendications essentielles du syndicat des boulangers qui brandissent la menace de grève au cas où leurs doléances ne seraient pas prises en charge. Le chef du gouvernement a toutefois laissé entendre que les pouvoirs publics feront en sorte que les boulangers ne pâtissent pas de « ce choix lourd du gouvernement ». « Nous trouverons le moyen pour que la facture ne soit pas supportée par les boulangers » a-t-il dit à ce propos. En réponse aux différents mouvements de grève initiés ces derniers mois dans divers secteurs, Ahmed Ouyahia, tout en reconnaissant que « le droit de grève est prévu par la Constitution », considère néanmoins que « 32% des grèves enregistrées durant le dernier semestre sont illégales et sont contraires aux dispositions de la Constitution surtout celles illimitées ». Pour lui, « l'abus du droit d'expression est à l'origine de l'anarchie ». « La force de loi sera imposée », a-t-il menacé. « Nous ne sommes pas là pour être populaires », a-t-il asséné pour signifier que les pouvoirs publics n'hésiteront pas à sévir. Le chef du gouvernement a laissé entendre qu'il ne fallait pas s'attendre à d'autres augmentations de salaire, soulignant qu'il est « impossible d'aligner les salaires des fonctionnaires sur les salaires du secteur privé ». Ahmed Ouyahia a déclaré, par ailleurs, qu'il n'était pas question de « continuer à tourner en rond concernant le projet de loi sur les hydrocarbures », qui, a-t-il tenu à préciser, « ne prévoit pas la privatisation de Sonatrach ». Le chef du gouvernement a évoqué un autre projet de loi, et non des moindres, à savoir le code de la famille dont il a confirmé l'amendement. Sur le volet économique, l'orateur a indiqué que le taux de croissance qui était de 6,8% l'année dernière sera de 5,8% cette année. « La croissance a été enregistrée dans tous les secteurs y compris l'industrie hors hydrocarbures que tout le monde condamnait à la déchéance », a-t-il affirmé. A ceux qui reprocheraient, d'après lui, à son gouvernement de se targuer d'avoir réalisé des progrès uniquement sur le plan macroéconomique, Ouyahia rétorque que « ces avancées auront des résultats sur le terrain ». Pour étayer ses propos, il indiquera qu'en matière d'emploi, 500 000 postes entre permanents, contractuels et emplois directs et indirects ont été créés en 2004. Le chef de l'Exécutif n'a pas manqué de faire remarquer que « si l'économie se porte mieux, c'est grâce à la politique budgétaire de l'Etat. Beaucoup croient qu'elle se réduit au montant consacré au plan de soutien à la relance économique qui était de 525 milliards de dinars alors qu'en réalité, l'Etat, pour encourager l'investissement, a dépensé 2300 milliards de dinars de 1999 à 2003 ». « L'Etat porte plus de 50% de la dynamique de développement », a-t-il fait savoir. « Ce quinquennat connaîtra des investissements importants, un plan de consolidation de la croissance de 4000 milliards de dinars soit 50 milliards de dollars », a-t-il rappelé. L'amélioration de la croissance et de l'économie n'est pas seulement à mettre sur le compte du retour de la sécurité, de l'investissement étranger, de la stabilité politique. « C'est aussi le résultat de la contribution de l'Etat », a-t-il noté. Défendant la politique budgétaire de l'Etat, dont la loi de finances 2005 élaborée sur la base d'un prix du baril de pétrole à 19 dollars, Ahmed Ouyahia a rappelé que les membres de l'Assemblée populaire nationale et les organes de presse se sont tous interrogés sur cette décision au moment où le prix du baril de pétrole frôlait les 50 dollars. Comme pour démontrer que le temps a fini par donner raison aux pouvoirs publics, il a signalé : « Au début de cette semaine, les cours du pétrole ont ouvert à 38 dollars soit une baisse de presque 20%. » Enfin, Ahmed Ouyahia a regretté le faible concours des banques dans le financement de l'investissement. « Les banques continuent à vivre des intérêts sur le découvert des entreprises publiques économiques et stockent des milliards de dollars. Elles restent hésitantes pour financer l'investissement malgré tous les mécanismes de garanties mis en place par l'Etat, et ce, au moment où l'import-export est florissant », a-t-il dit.