Premier test électoral sérieux pour le courant ultra-conservateur du président iranien Mahmoud Ahmadinejad : les élections municipales qui se sont tenues vendredi en Iran. Les résultats partiels enregistrés font ressortir un net recul des ultra-conservateurs au profit des « conservateurs modérés » et des réformateurs du courant de l'ancien président iranien Mohammad Khatami. L'érosion de la popularité du courant ultra-conservateur du président Ahmadinejad, qui avait été plébiscité lors des élections présidentielles de juin 2005, s'est confirmée partout à travers le pays, y compris dans la municipalité de la capitale, Téhéran, qui fait figure traditionnellement de baromètre pour les joutes politiques et électorales à venir. Le mauvais score réalisé par le courant ultra-conservateur dans la capitale où les partisans du président iranien n'ont réussi à décrocher que deux strapontins sur les quinze sièges à pourvoir renseigne sur le délitement de ce courant qui ne semble plus soulever l'enthousiasme des foules et représenter une alternative politique crédible et d'avenir pour le peuple iranien. Bien maigre consolation, le siège obtenu à l'arraché par la sœur du président Ahmadinejad classée à la dixième position résonne comme un désenchantement de l'opinion iranienne par rapport aux promesses électorales de 2005 du président Ahmadinejad qui avait placé son mandat sous le signe d'une plus grande justice sociale. Le camouflet électoral infligé au courant ultra-conservateur s'est vu conforté par la confirmation également au cours du double scrutin de vendredi de la percée à l'Assemblée des experts — un organe interface entre le guide religieux, l'imam Ali Khamenei, et les organes dirigeants du pays — du courant conservateur emmené par l'ancien président Ali Akbar Rafsandjani, candidat malheureux aux dernières élections présidentielles. Le président Mahmoud Ahmadinejad qui affichait un sourire triomphant devant les caméras de télévision au moment où il accomplissait son devoir électoral savait que le bras de fer qu'il a engagé avec les Américains et l'Union européenne sur le nucléaire iranien a un coût politique et électoral. Le durcissement qui caractérise le régime iranien, notamment en ce qui concerne la conduite de l'Exécutif par rapport à ses relations avec le « grand Satan », s'est traduit par un isolement de plus en plus insoutenable pour le peuple iranien qui paie chèrement la facture sociale de l'embargo qui pèse sur le pays depuis la Révolution iranienne. Une pression qui s'est davantage accentuée avec la crise du nucléaire iranien. Les conservateurs et les réformateurs qui reviennent de loin à la faveur du scrutin de vendredi dernier vont avec ce succès électoral jeter toutes leurs forces dans les batailles politiques et électorales à venir pour revenir en force sur la scène iranienne.